Saturday, 30 October 2010

Une vie sans vie

Je vis une vie sans vivre
Et meurt d'une mort sans mort.
Je n'ai aucune raison de vivre,
À peine moins de mourir.

Je sens les jours et les heures passer
Comme s'ils ne passaient pas
Et les rayons de soleil m'éclairer
Comme d'une lumière de trépas.

Je passe des jours à ne rien faire
Et des nuits à m'en défaire.
Le futur est dans le passé non vécu
Comme le présent dans ce qui n'est connu.

Si je devais à moi-même survivre
Je ne serais plus celui que je suis
Tout en n'étant pas celui que je serais
Si j'étais à me réveiller du cauchemar.

À quoi sert encore de vivre
Si ce n'est de partir à temps.
Le temps ne permet pas de vivre
Ni de pouvoir mourir à temps.

©2010 Marwan Elkhoury

Wednesday, 23 December 2009

Il y a quelque chose en moi qui s'est arrêté de vivre

Sous une lumière blafarde et crue
La neige tombe dru,
Comme sur une table de billard.

Fins cristaux légers et soyeux,
Recouvrant le monde de leur lourd linceul bleu
Court la mort qui te happe avant qu'il ne soit trop tard.

Ta bouche gercée et ton visage hagard
Me rappellent celle que j'avais perdue
Pour me faire revivre ce que je n'avais vécu.

Tes beaux yeux noirs d'obsidienne
Me transpercent de toutes parts
Comme les rayons x d'une radioscopie démentielle.

Tes bras élancés et tes doigts effilés
Caressent leur beauté sur mon corps déchiqueté
Et ton maléfique attrait me flagellerait
Sans que je ne puisse bouger.

J'esquivais ton regard pour ne pas chanceler
Tant j'étais troublé par tes pupilles dilatées
Je désirais te prendre dans mes bras, t'enlacer,
T'implorer de m'étouffer, te demander de m'étrangler,
Pour que je meure de devoir trop t'aimer,
Pour que je souffre de ne plus pouvoir t'aimer.

Je ne pouvais t'accoster mais demandais que tu restes
Je n'osais te dire que je t'aimais de peur que tu ne me chasses
Je voulais tant t'aimer, mais ne savais t'aimer,
Je voulais tant t'aimer, mais ne pouvais t'aimer.

Il y a quelque chose en moi qui s'est arrêté de vivre
Un coeur d'albâtre dans un corps de pierre
Et pour pallier à mes insuffisances d'hier
Je recherchais mes mots pour pouvoir les revivre.

Pourtant jamais je n'aurais pu le vivre
Faute de liens pour le vivre
Pourtant jamais je n'aurais su le dire
Faute de mots pour le dire.

J'ai raté le coche depuis déjà trop longtemps
J'ai raté le train, en retard sur le temps
Et pourtant je t'ai beaucoup aimée
Sans jamais pouvoir te le dire
Et pourtant je t'ai toujours aimée
Sans que tu n'aies jamais eu l'occasion de le lire.

©2009 Marwan Elkhoury

Tuesday, 31 March 2009

Elle m'a tranché la vie d'un regard obtus

Elle m'a tranché la vie d'un regard obtus
Dieu seul sait si je suis,
Comme seule une phrase absurde,
Comme seul le non-sens,
À une vie donne un sens.

Je me suis fait un honneur de n'avoir jamais connu le bonheur
Mon désespoir vient de plus loin que mon exil,
Du plus profond que l'insoutenable perte du souvenir.

Je déambule, seul, dans les rues blafardes de mes pleurs
À travers le sac et le ressac de mes peurs.

J'ai tout perdu,
Perdu ceux que j'ai toujours eu,
Perdu ceux que je n'ai jamais eu
Perdu ceux qui ne m'ont rien donné,
Perdu ceux qui m'ont tout donné.

Mon manque de goût vient d'une maladie chronique,
Celle de n'avoir jamais sû exister,
De traverser la vie pour passer de l'autre côté,
Sans pouvoir rester là où je suis,
Ni aller là où j'étais.

Je refuse la réalité comme je refuse sa fuite.
Je refuse le rêve quoique je m'y réfugie,
Ne pouvant supporter la réalité du rêve,
Pas plus que le rêve de la réalité.

Piteux ersatzs d'une piteuse réalité,
Les illusions et les mythes m'accompagnent
Dans l'intolérable destin de la vie.
Je profite de mes insomnies
Pour m'inventer de nouvelles vies
Chacune plus réelle que la vraie vie.

Qui y a t-il qu'il n'y a pas ?
D'un rien dieu en fait un tout
De ce tout l'homme le détruit
Pour, tour à tour, haïr ou tuer,
Bouleverser ou aimer.

Les soleils de mon enfance
Bercent mes larmes d'une langueur
Monotone sur les plages de mes heures
Les mystères illuminent mes stances
D'un grand feu immense.

Apprendre le bonheur pour ne plus l'humilier
Le pleurer et ne jamais l'oublier
Une vie durant apprendre ardemment l'amour
Pour en mourir et ne jamais en vivre.

© 2009 Marwan Elkhoury

Sunday, 22 March 2009

Voyages immobiles

Oui, j'ai enfin pris la décision heureuse,
Celle de quitter la terre ferme pour des eaux sulfureuses,
Prendre le large pour aller nulle part,
Lâcher les cordes, hisser les voiles,
Lever les ancres et larguer les amarres,
Rejoindre des horizons sans horizons,
Retrouver les abords d'inexistantes civilisations.

J’ai quitté femmes, enfants, parents et amis,
Quitté routines, tâches obscures, tristesses et plaisirs,
Pour retrouver les soleils rouges et les terres de glacis,
Vivre des jours sans nuits et des nuits sans désirs.

Je suis parti pour partir,
Partir sans buts, partir pour ne rien trouver
Je suis parti pour ne pas rester,
Partir là où l'on ne m'attendait,
Partir pour ne plus revenir,
Partir pour les éternités.

Tel un Christophe Colomb de l'irréel,
Parti pour des Indes imaginaires,
J'accostais dans des Amériques pathétiques
Pour coloniser ces terres de fiel et de rixes,
Écraser ces peuples sous mes désirs sauvages,
Et tirer de leurs plumes multicolores,
Une musique pleine de rancoeurs et de rages.

L'Europe, l'Europe toute entière m'a déçu,
Ses minables prétentions et ses lacunes obtuses,
Tel aussi cet orient perdu,
Ses splendides couchers de soleils
Qui ne peuvent cacher les violentes pourritures
Sous cet amoncellement de mystérieuses ordures
Noyées sous les vestiges des déserts sans ciels.

Qu’ai-je encore à attendre de toute civilisation
Que son anéantissement,
Et le mien avec,
Et l’entier assouvissement
De tous mes vices de civilisé crucifié,
Si las de nos passés passés,
Ecoeuré de notre présent absent
Déséspéré quant à nos à venirs trépassés.

© 2009 Marwan Elkhoury

Wednesday, 31 December 2008

Paradis Perdus

Le paradis, il faut l'avoir connu
Pour le pouvoir encore perdre.
Heureux ceux, qui, comme nous,
Ne l'ont jamais connus
Car ils ne pourront jamais le perdre.

Trompés par Satan,
Qui, déguisé en serpent,
Les tentèrent du fruit défendu.

Satan leur dit: Mangez et vous verrez !
Ils mangèrent le fruit de la Connaissance,
Et furent chassés de tout ce qu'ils avaient,
Auparavant, connus.

La pomme avait un goût délicieux
Eve croqua en première dedans
Puis la donna à Adam
Qui, lui aussi, fut tenté
Et y croqua à pleines dents.

L'instant d'après,
Ils furent perdus
Au calme de l'inexistence
Et furent gagnés
Aux fracas de l'existence.

Croyant, jusqu'à prèsent,
Être le soleil de l'univers
Ils chutèrent dans le chaos des Enfers.

En acquérant la connaissance
Ils en acquirent l'inconnaissance,
Et gérèrent leur reste de vie
Aussi bien que le leur permettait
Leur notoire incompétence.

Chassés de l'Eden,
Ils ne connurent plus que peines
Ils eurent froid
Et se parèrent de laines.
Ils se sentirent nus
Et se couvrirent de chaînes.

Adam se fit nommer roi
Et fit d'Eve sa reine.
Commencèrent alors
Romances et violences,
Dans ce monde de haines et d'errance.

Celui par lequel tout fut,
On n'en parla jamais plus,
Son Nom n'est jamais évoqué
De peur d'être, à vie, damné.

Dieu les chassa du paradis,
Et, depuis ce jour fatidique,
Ils, en vain, cherchèrent
Paix et recueillement sur terre,
Dans les cieux et sur mer,

A présent, nous, misérables héritiers
Du premier homme et de la première femme,
Nous vivons dans un monde sans monde,
Des jours sans jours et des nuits sans nuits
Des jours de nuits sans jours,
Et des nuits de jours sans nuits.

Nous vivons à présent un temps sans temps,
Ressentons des sentiments sans sentiments
Dénués de tout affect et boniments.

L'enfer, mon cher ami,
L'enfer, ce n'est pas les autres,
Mon cher ami, l'enfer, c'est nous !

Croyez-moi, le paradis, aussi, était enfer,
Un enfer d'ennui, de silence et d'absence.
Sans querelles, ni passions, ni désirs,
Que béate platitude et plénitude,
Magnitude et terne mansuétude.

Honte aux dieux,
Qui nous ont laissé, nous,
Pauvres êtres perdus,
A la merci du diable et de ses tentations,
Qui tenta et trompa la femme,
Lui offrant le fruit défendu.

Et Adam, n'osant contrarier la belle Eve,
Goûta aussi au fruit défendu,
Préférant tout perdre,
Même un Paradis
Afin de ne pas la perdre, Elle, l'Eve,

A tout vouloir gagner à tout prix,
L'Eve et le Paradis,
Ils finirent par tout perdre à tout jamais,
Eux-mêmes tout aussi niais.

Ceux qui, comme nous, sont nés en enfer
Et qui n'ont connus que cela,
Doivent bien y croire comme fer,
Que leur enfer vaut bien tous les paradis.

Tu leur as donné la liberté,
Que voulais-tu qu'ils fassent
De ce qui n'était point pour eux.

Ils en ont fait ce qu'ils ont pu,
Faire du paradis un enfer,
Et de l'enfer, un paradis.

Peu importe où nous allons,
Et quoique nous fassions,
Notre enfer, toujours,
Avec nous, sera retrouvé.

© 2008 Marwan Elkhoury

Monday, 8 December 2008

J'aime trop la vie pour la vouloir vivre

J'aime trop la vie pour la vouloir vivre,
J'aime trop l'amour pour le vouloir vivre.

Il faut rêver sa vie et non la vivre,
Fixer l'éternité dans son instantanéité,
Figer le temps en son évanescence.

Comment vivre le désir de ce qu'on ne peut vivre
Vivre le désir de ce qu'on ne peut connaître,

Comment être aimé de ceux qu'on désire aimer,
Aimer le désir d'aimer mais ne pas aimer,
Désirer le désir d'aimer sans en aimer l'aimer.

Rêver me permets de fixer le réel,
Donner consistance à l'inconsistant,
Arrêter le temps pour vivre l'éternité.

Je ne sais qui je suis ni si je suis,
Je ne sais si je sais ni ce que je sais.
Je ne sais d'où je viens ni où je vais,
Je ne sais si je vis ni où je vis,
Si j'ai vécu ou ai été vécu.

Je ne sais qui tu es ni ce que je suis,
Ne sais ce que je fais quand je suis fait
Ne comprend ce que j'écris qui m'est écrit.

J'aime trop la vie pour la vouloir vivre,
Pouvoir rêver sa vie et non la vivre.

©2008 Marwan Elkhoury

Thursday, 27 November 2008

Le virus de l'amour

Tu es rentrée dans ma vie par effraction
Et pour cette fraction de seconde où tu m'as aimé
Tu m'as inoculé le virus de l'amour.

Tu fus mon premier et dernier amour.
Et pour le restant de mes tristes jours,
Tu auras été ma seule et unique passion.

Passé cet éclair d'instant,
Tu ne m'as plus jamais aimé.
Mais pour ce court moment
Que tu m'as octroyé,

Je suis tombé
A tes pieds,
Pour ne jamais plus
Me relever.

Toute ma vie, je t'aurais aimée
Toute ta vie, tu m'auras damné.
Pour mon malheur, je t'ai aimée
Pour ton bonheur, je t'ai aimée
Pour mon malheur, tu m'as délaissé.
Pour ton bonheur, tu m'as abandonné.

Je t'ai aimée dès mon premier regard
Tu n'as eue pour moi aucun égard.
Je t'ai aimée de mon premier regard
Tu as été pour moi, tout hagard.

Pour mon malheur et pour le tien,
Nous nous sommes rencontrés sans nous rencontrer,
Tu as traversé ma vie en la caressant,
J'ai traversé ta vie en la transgressant.

Par toi, j'ai découvert ce gouffre d'amour
Que tu n'as su remplir que par ton mépris.
Et fière d'être restée si peu éprise
Moi, de toi, je me mourrais d'amour.

Et sur mon lit de mort, je t'ai demandée,
Et sur mon lit de mort, tu m'as dédaigné.
Juste que sur mon lit de mort, tu as fais le mort,
Juste que sur mon lit de mort, tu m'as fait tort.

Je n'aurais pas dû t'aimer mais je t'ai aimée
Tu aurais dû m'aimer mais tu ne m'as pas aimé
Quel est cet amour qui est sans amour
Contre cet amour si plein d'amour.

La vie est un rêve
Qu'il ne faut pas vivre,
Une vie qu'il faut pouvoir rêver
Pour la pouvoir vivre.

Tuesday, 25 November 2008

La vie est un rêve

La vie est un rêve
Qu'il ne faut pas vivre,
Une vie qu'il faut pouvoir rêver
Pour la pouvoir vivre.
Dieu merci, la vie est ailleurs
Dieu merci elle n'est pas ici.

En me donnant la vie
J'ai reçu l'avoir sans en avoir l'être.
La naissance m'a été arrachée
Pour passer d'un éternel non-être
À un lamentable être.

Je ne suis ni d'ici ni d'ailleurs
Je ne suis de nulle part,
On ne vit pas dans le passé,
Encore moins dans le futur,
Mais dans un indéfini présent
Qui ni ne se donne ni ne se prend.

Vivre n'importe où
Comme vivre n'importe quand
Et croire n'importe quoi.
Qu'est-ce que cela change
Quand rien n'est rien.

Pourquoi cette souffrance
Qui ne m'a jamais quittée.
En plus de ma vie, j'ai perdu l'amour
Sans jamais l'avoir gagné.

Ô sombres nuits, ô tristes aurores,
Désespoirs et horreurs
L'amour vous emplit
D'un mal-être langoureux.

Un ciel de douceur
Salut les blancheurs
Des corps amoureux.

En somme, l'amour vaut-il
Ces larmes de crocodile
Pour celui qui ne l'a pas connu,
Désespéré, il le cherche toujours.

Quand l'ange noir frappe à la porte
Du condamné à mort
C'est enfin le salut qui l'échoit.

Tu as tort de t'en faire
Qu'est-ce à faire
De ce quelconque corps
Qui va de toute façon pourrir
Dans l'étendue de ses rires.

©2008 Marwan Elkhoury

Mes langues maternelles

J'ai quitté la simplicité de l'enfance
Pour la complexité de l'indifférence.
Je pense de plusieurs façons différentes
Sans pour autant qu'elles soient convergentes.

En français, j'écris dans un sens,
En arabe, j'écris dans un autre,
Dans une langue, je pense un sens,
Et dans l'autre, je pense l'opposé,
Et comme je mélange une langue avec l'autre,
Je pense à la fois dans deux directions opposées.

Comment s'y retrouver 
Et quelle langue parler
Quelle prendre dans le sens du poil
Et quelle autre à rebrousse-poil.

Ne pourrais-je pas uniquement parler
En phrases qui se lisent aussi bien
Dans un sens comme dans l'autre
Tout en ayant des sens opposés
Pour se contredire l'une l'autre
Et se neutraliser l'une l'autre.


Depuis ce jour où l'on m'a appris
Qu'il existait plusieurs langues

Comme aussi plusieurs dieux

J'en ai perdu l'innocence

Et méprisé les cieux.


Ma relation avec le monde

Epousa la complication des deux mondes

Un mariage naturel et tout à fait insensé

D'un orient désorienté avec un occident oxydé.


©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 23 November 2008

Je t'aime


Je ne sais pas dire: je t'aime
Ne suis pas capable d'aimer,
J'ai perdu les mots,
Envahi par mes maux,
Ne puis plus qu'ânonner.

J'ai perdu l'amour,
Sans en perdre la nostalgie
Perdu la parole,
Sans en perdre la maléfique envie
Perdu pour toujours,
Perdu à mort.

Si rien ne se perd
Et que tout se retrouve,
Suis-je celui que je ne suis pas,
Comme je me perds
Et ne me retrouve pas.

Pourquoi ne connais-je de l'amour
Que ce qui ne se trouve,
Pourtant, mon je parle encore
De son je, de mon je,
Ne parle que du je,
N'ayant plus que le je
À qui parler encore.

Que faire si le je
Ne se prend plus au jeu,
Si la voix s'est tue
Si le tu s'est tu
Si le toi c'est moi
Et le moi en croix.

Pourrait-on en faire autant
Pour ce je qui ne l'est plus
Le jeter au vent
Attendre qu'il ait plu.
Adieu, mon dieu, adieu ô temps.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Saturday, 22 November 2008

La vie est une mort


La vie est une mort
De chaque instant,

Elle est une mort
De la non-vie en naissant,
Et une mort
De la vie en vivant

Qui se meurt à mesure qu'elle se vit,
En une glorieuse apothéose de la mort.

Chaque pensée est la mort de la pensée,
Et la pensée de la mort,

Chaque geste est la mort de chaque geste
Et le geste de la mort.

La vie du regard est sa mort,
Et le regard, la mort du regard,

Chaque rencontre est la mort de la rencontre,
Et la rencontre de la mort.

La naissance de l'amour en est sa mort,
Et l'amour de la mort,
La mort de l'amour en est la naissance,
La naissance en est sa mort.

Vie et mort marchent côte à côte,
Main dans la main,
Bras dessus, bras dessous,

Ils parcourent ensemble les temps,
Les déserts et les côtes,
À la recherche de l'instant
Où se joignent leurs noces.

Ils avancent vers la vie de la mort,
Quand je recule vers l'enfance de ma mort.

Ah, si je pouvais me débarrasser de la mort,
En la tuant d'un coup de dents,
Vivre éternellement la mort de ma mort,
Sans cesse renouvelée, épanouie, éblouissante.

Ah, enfance de ma mort,
Sur la plage, le sable blond, 
Les reflets argentés du soleil sur l'eau, 
Doux clapotis de la vague sur la berge,
L'écoulement de milliers de grains de sable
Qui, très tôt, m'ont donné le goût de l'inépuisable
Des espaces hermétiques où la vie
Existe en profusion en dessous du vide,
La plage au clair de lune, les bains de minuit.

Je ne suis plus de ce monde,
L'horloge de ma vie s'est arrêtée 
Au moment de n'être 
Plus qu’à la vie de ma non-vie.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Conneries

Quequette
Caquette
En tete-a-tete
Avec Pierrette.

Paulette
Seulette
Projette
Baguette.

Frappette
Braguette
Trop peste
D'un geste
Trop leste.

Adieu
odieux
vaut mieux
Que rester soucieux.

©2008 Marwan Elkhoury

Le fou de la nuit (Majnoun et Layla)


J'ai rencontré la nuit
Un jour de pleine lune
Aveuglé par sa vue,
J'en ai perdu la vue.

Elle était belle
Comme le jour,
Ses lèvres rouges
Comme les pommes.

J'ai brûlé pour elle
D'un violent amour,
Qui m'acheva en somme.

J'étais fou d'elle,
Fou qu'elle me rendit à moi,
Comme elle ne voulait pas de moi,
Et moi qui ne voulait plus qu'elle.

Ô ma nuit, en toi je voudrais m'ensevelir,
Oublier que je t'aime, oublier, m'évanouir,
Pourquoi veux-tu me fuir,
Quand je ne veux que t'aimer.

L'amour est-il si dangereux
Que même le bonheur est malheureux,
Qu'une mort dans une tombe sans bruit,
Vaut mieux qu'une vie dans le silence de la nuit.

Je me suis plongé alors dans la nuit
Pour oublier qu'elle me fuit,
Mais partout là où je vais,
Je retrouve son visage 
Qui me lacère de plaies
Et me comble de présages.

Ô ma nuit, enveloppe-moi dans ton obscurité,
Que je ne voie plus que ta lumière dans l'éternité,
Brûle-moi dans l'enfer de tes yeux,
Et qu'auprès de toi j'en oublie même tes dieux.

Je t'ai donnée mon âme,
Je n'ai reçu que blâme,
Je t'ai laissée mes pleurs,
Je n'ai reçu que heurts.

Ô rage, ô désespoir,
Quel est ce sifflement dans le noir,
Ces serpents qui s'enlacent autour,
Autour de ce corps fou d'amour.

Y a-t-il guérison possible
À un amour sans cible,
Que morsure de scorpions,
En plus de cet abandon.

Ô amant esseulé,
Ô manant essoufflé,
Tu n'as nuit où te cacher,
La nuit t'a déjà fauchée.

Heureux que l'ange de la mort
Tende son cœur au corps
Meurtri par l'amour,
Naissant à la mort.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin dounia

Sunday, 16 November 2008

Gouffre glacial

Sur les glaces du Groenland
Se trouve le pays du Neverland
Que je parcours en silence
Des premières aux dernières instances.

L'amour qui tombe dans le gouffre d'amour
Se fracasse comme un verre de cristal
Sur les falaises de marbre glaciales.

Je ne supporte ni le murmure des cours,
Dans les rues vides des après-midis glacés,
Ni le silence des amants lassés,
Dans les nuits vides de l'amour.

Une âme affranchie de l'aimer
Est délivrée des convulsions de souffrances ou de joies,
Même si ces mots bâclés et ces pleurs inachevés,
Sont pourtant les signes du désespoir étouffé.

Dans l’instant je rêve l'infinité
Et ce rêve grandit au-delà de ma triste finitude
Comme est l'étendue de toute ma lassitude.

Comme pour reprendre Goethe, meurs et deviens.
Le monde est fait pour aboutir au rêve,
C'est dans la perte absolue de nous-mêmes
Et dans le rêve que nous sommes enfin nous-mêmes,
Meurs et deviens.

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, 11 November 2008

J'aimerais pouvoir te dire je t'aime

J'aimerais pouvoir te dire je t'aime
Mais tu ne me le permets pas
Car tu ne m'aimes pas.

Je croyais avoir à jamais
Perdu la faculté de t'aimer
Mais tu me l'as redonnée
Sans pour autant me donner
Le droit de t'aimer.

Je te le dis quand même
Même si tu ne m'aimes pas
Pour te rappeler que, ma foi, je t'aime.

Je me fous si tu m'aimes ou pas
Ce que j'aime c'est que je t'aime
J'ignorais que je pouvais encore aimer
Par ces temps d'indifférence obligée.

"J’ai perdu l’espoir de t’aimer
Et gagné le désespoir de t’aimer."

Ah que la vie est belle,
Et que l’amour est frêle.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 9 November 2008

Romance sans paroles III


Ô toi, diable ou dieu, qui m'impose ces tortures.
Pourquoi t'ai-je fait mon ami si ce n'est pour me libérer
Des tortures de l'amour et m'offrir les plaisirs des cabarets.

J'ai quitté les femmes et leurs belles parures
Pour épouser le cloître et ses illuminés,
Prier à ma libération des paradis dorés.

Je retrouve les beautés de la nature à l'état pur,
Simples, violentes, effrénées et parfumées,
Qui m'enivrent de leurs poisons frelatés.

Adieu vierges, saintes, succubes et autres impures,
Non, je ne regrette rien, seul, dans mon île, isolé,
Où, enfin, je peux crier tout haut ma douleur inépuisée.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Romance sans paroles II

Je vis la nuit mes affres du jour
De vivre sans amour
D'aimer sans retour.

Pourquoi suis-je si bête
Pour aimer une telle quête
Alors que ma vie pourrait être une fête
Si décidément j'avais plus de tête.

Je mourrais si elle était près de moi.
Le sachant elle reste loin de moi.
Et je passe le plus clair de mes jours
À pleurer mon inconsolable amour.

Je suis sa nuit, elle est mon jour
Les affres de l'amour
De vivre sans amour.

©2008 Marwan Elkhoury

Romance sans paroles I


C'est d'elle que je parle
Et non à elle que je parle.
Je trace, de mon sang, son image,
Et je pleure, bon sang, sous l'orage.

À ma belle, je l'appelle
Et à ma plainte sans appel
Ne répondent que les coups
De mon coeur à bout.

Je plains les amoureux
Qui sont aimés si peu,
Ne récoltent que misères
Se trouvent toujours à terre.

©2008 Marwan Elkhoury

Saturday, 8 November 2008

J'ai promis à dieu

J'ai promis à dieu
Que le jour où tout irait mieux,
J'arrêterai d'écrire.
Rassurez-vous, cela n'arrivera jamais.
Tout au contraire, cela va sans dire.

Je ne pourrais qu'écrire pis,
Les choses n'allant jamais en s'améliorant,
Mais toujours en se dégradant,
Premier principe d'entropie.

J'aurais voulu être ton amant,
Et toi, mon aimant.
Je t'aime, toi. Toi, toi non plus.

Tu as beau me haïr ou me fuir,
Je ne t'aimerai que plus.
La distance entre toi et moi s'amenuise
À mesure que tu t'éloignes,
Pour qu'à l'infini, elle soit enfin nulle
Et que plus rien ne nous sépare encore,
Dans la vie comme dans la mort.

Ton regard sur moi ne se pose,
Mais sur toute autre chose que moi se dose.

Pitié, lui dis-je, un baiser,
Un seul, pour y soigner mes plaies
Trop tard, mon cher,
Tu m'es toujours aussi cher,
Mais je suis déjà trop loin allée.

Tu étais plus loin de moi quand tu m'étais proche.
Moi aussi je prends à présent mes distances pour être proche.
On prétend que le feu de l'amour y gagne dans l'errance
Et qu'en prenant le large, on y gagne en souvenance.
Je me suis alors éloigné pour te retrouver,
Et dans cet éloignement, nos âmes se sont enfin prouvées.

J'ai perdu l'espoir de t'aimer
Et gagné le désespoir de t'aimer.
Je t'aime toi, toi, toi non plus.

©2008 Marwan Elkhoury

Thursday, 6 November 2008

M Comme Aime Ou Le Mal d'Aimer

Love, what is love,
Is there any love
Around ! Not that I know of.
Let me cry, cry, cry.
Cry baby cry.

I'm crying, just crying, so simply crying.
Who cares ! baby cry.
You can dry all your soul alone,
But you’re just alone,
And nobody cares
Nobody gives a damn
No not at all.

Je t'écris mes cris, ne pouvant te les dire
Je me suis moqué de l'amour
Comme je me suis moqué de la vie et du rire,
Comme je me suis moqué de la mort.

Aujourd'hui, tous ces fantômes
Resurgissent à nouveau et me hantent,
L'amour se moque de moi,
Comme la mort et la vie aussi.

Ils n'ont pas apprécié mes humeurs
Ni apprécié mon humour ni mes hauteurs,
Encore moins mes sarcasmes poseurs.

Je me suis blessé à l'amour,
Un amour qui ne m'aime pas,
Qui m'en fait sentir toutes les affres,
Sans me les jamais faire connaître.

Tu es moche et c'est bien fait
Pour toi, me dirait-elle,
Et elle a évidemment bien raison.

Je mérite tout ce que j'ai, haine et indifférence
Et tout ce que je n'ai pas, amour et tendresse.
Tout n'est plus que ruines et désastres, je le pense,
Comme tout l'a toujours été avant même que je ne le presse.

Je ne vais rien faire pour que tu viennes.
En m'oubliant un peu, je t'oublierai beaucoup,
Et j'aurai alors moins le mal de toi.

Ma vie est un chemin de croix
Que je parcoure tous les jours
Du soir jusqu'aux premières lueurs du jour
Jusqu'à la mort et sans amour.

Le Christ est monté sur la croix,
En une seule fois.
En voulant prendre sur lui toutes les souffrances du monde,
Pourquoi a-t-il manqué de prendre les miennes.

Point, contrepoint, amour, contre-amour.
Point de contr'amour pour pallier au manque d'amour.
Le temps des pleurs est terminé,
Terminons la tâche si bien malmenée,
Par un amen si mal entonné.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 2 November 2008

De quoi devrais-je te parler

Je ne te parle que de ce qui n'est pas,
Car, de ce qui est, ne m'en parle pas.
Aimerais-tu que je te parle de ce qui est,
De la mort ou de la guerre, comme toujours,

Tu es morte avant de me donner l'amour,
Tu es morte avant de me donner la vie,
Tu es morte avant de me donner la mort,
Absences, maladies et souffrances de vies,

Qu'est-ce qui est de ce qui est,
Tandis que moi je te parle de ce qui n'est pas,
Comme de l'amour, de la joie ou de la foi,
De ces riches heures avec ceux qui ne sont plus,
Comme de ces rencontres impossibles avec ceux qui plus que sont

Je te parle de ces aurores sidérales,
Ces déserts de glaces délirantes,
Des journées bleues et des nuits en arc-en-ciel,
Des soleils noirs et des astres bleu ciels,
De ta chevelure blonde et de tes yeux bleu clairs,
De tes dents d'ivoire, de tes perles au cou et de ta bouche vermeille,
Je te parle de ces vagues qui caressent doucement tes pieds
De ma main, qui sème le sable sur ton sein tanné,
De l'écume du jour qui effleure tes doigts effilés.

Je te parle de ces réveils sur Pétra la riche
Courtisane des mers mortes,
Et de ces nuits éthérées
Sur les plages de Thalassodendro,
Je voudrais compter toutes les étoiles
Du ciel et de la mer
Et te les décrire, une à une,
Après les avoir visitées, l'une après l'autre,

Je voudrais te parler des tempêtes des mers du nord,
Et des volcans des mers du sud,
Des feux de l'amour qui revivent après des siècles de froid,
Et des saisissements de plaisir à l'idée de toi,

Je voudrais te parler, te parler et te parler,
De tout mon souffle, omettant virgules,
Points-virgules et surtout les points,
Pour que tu ne me quittes jamais plus.
Mais je te parle de ce qui n'est pas,
Car si tu étais je ne t'en aurais pas parlé.

©2008 Marwan Elkhoury

Ne suis plus de mon temps

Par ces temps qui courent,
Je ne suis plus de mon temps,
Ce temps qui n'a plus son temps,
Ce temps qui n'est plus de son temps.

Quel est ce temps, ce temps de chien,
Qui n'a le temps, le temps de rien,
Qui, ni ne le prends, ni ne dis, tiens.

Ce temps n'a plus le temps du temps,
Non qu'il ait le temps pour toi ou pour moi,
Il n'a le temps de rien.
Comment donc, pourrais-je avoir, moi,
Aussi, le temps pour toi et pour moi.

Et si je n'ai plus le temps
Qu'avons-nous encore que l'on puisse partager
Ensemble, ce passage dans l'espace et le temps,
Toi et moi, ce bout de chemin sous un rayon de lune,
Ce bouquet de roses rouges sur une terrasse de café
Cette main nue que je désire dans ma main qui tremble
Qui a disparue dans le sillon d’une dune,
Ces lèvres gercées que je voulais tant embrasser
Qui se sont évanouies à la lumière d'un soleil passé.

Je t'ai aimée plus que je ne me suis aimé,
Mais la vie m'a arraché
À cet amour qui ne m'était pas destiné
Mais à un autre plutôt qu'à moi

Quand il n'y a plus rien à faire ici,
Il est alors peut-être temps de partir,
Partir pour oublier, partir pour partir,
Partir pour continuer, partir pour retrouver,
Partir pour reconnaître, partir pour re-aimer,
Partir pour repartir
Vers cette autre qui voudrait, 
Que sais-je, peut-être tant aimer.

Que reste-t-il encore de nous, de nos amours
Quand il n'y a plus le temps, ni l'argent, du reste,
Pour s'aimer et s'étreindre,
Tout juste encore le temps de s'éteindre.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 26 October 2008

La vie


La vie, on pourrait la vivre, si elle était vivable,
Elle a parfois du bon, même si, parfois, elle est aussi exécrable.
Il y a qu'il n'y a que ça, nous n'avons pas le choix.
C'est cela ou rien. Entre le rien ou cela, mon coeur palpite.

La vie est un mensonge.
Elle est à nous sans l'être,
Comme ceux qu'on aime en songes,
Qui, contrairement à ce que l'on croit,
Sont à nous, sans l'être.

Côté sud, elle est souriante,
Mais côté nord, elle l'est déjà moins.
À l'est, c'est la peur, et à l'ouest, la panique.

Associe à ton existence d'homme,
Tout ce qui te distrait de l'être
Ou de ne pas l'être,
L'ivresse, la drogue, le sexe et autres casse-têtes,
L'orgueil, les conquêtes, les honneurs, les richesses et les fêtes.

C'est par les yeux de l'enfant que je bois la vie,
Et au sourire des miens que je me saoule d'eau-de-vie.
Allons, enfants, toujours un effort,
La vie, c'est dur, mais c'est beau encore.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

La nouvelle heure

Il faut, parait-il régler son heure à la nouvelle heure
À chaque saison ses couleurs, à chacun son heure,
Mais je ne sais d'abord quelle heure
Je suis, ni quel temps d'ailleurs
Complètement déboussolé par tous ces changements
Sans rien, du reste, qui ne change.

Je suis sorti régler mon temps à l'espace
L'espace était vide et j'étais seul dessus
Pas un être à la ronde, ni bête, ni oiseau ni même un bruit
Sauf une cloche qui sonnait au loin l'angélus

Je ne savais dans quel monde j'étais
Si c'était dans celui-ci ou dans un autre
Si, j'avais aussi changé d'espace, avec ce changement d'heure,
Me retrouvant ni tout à fait le même, ni tout à fait ailleurs.

Si je me retrouvais si seul, me dis-je
C'est que tous, sauf moi, avaient bougé.
J'étais resté là où j'étais,
Alors que tout, espace, comme temps,
Comme gens, s'étaient déplacés,
Me laissant ici, comme je l'ai toujours été,
Réfugié dans le transitoire comme un éternel déplacé.

©2008 Marwan Elkhoury

Saturday, 25 October 2008

Asymétrie du marché de l'amour


C'est quand j'ai commencé à vivre
Que je me suis arrêté de vivre.
Et celui que je suis est celui qui m'a été arraché.
Ma vie disparaît à mesure qu'elle apparaît
Comme mon amour chavire à mesure qu'il s'avive.

La révélation de ma vie fut ma disparition.
À mon amour pour elle, elle s’est arrachée
Alors qu'à grand feu je me meurs d'attrition.

Je suis passé d'un amour transi aux enfers torrides.
Tombé malade, j'aurais pu espérer, sinon une guérison,
Du moins, une convalescence tranquille,
Mais, tombé amoureux, je ne puis compter d'aucune rémission.

L'âme contient nos enfers
Pour nous lier pieds et mains dans les fers
À cause d'un amour meurtri.
Et je trempe ma plume dans mon sang noir
Pour écrire l'histoire
Vivante et sanglante de ma damnation.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Thursday, 23 October 2008

Le diable



Le diable est mon frère, mon ami, 
Mon compagnon des beaux et des mauvais jours.
À peine né et bien avant d'ouvrir les yeux, il était déjà à mes côtés,
Et, depuis ce moment fatidique, ne m'a plus jamais quitté.

Qu'est-ce que je connais du ciel. Rien.
Mais l'enfer est mon quotidien,
Guerres, cataclysmes et maladies,
Sont le pain de mes beaux jours
Et de mes mauvais jours,
Mieux vaut n'en pas parler.

Pour pallier à toutes les faiblesses 
De ma faible constitution,
Depuis le berceau jusques au tombeau,
Tu n'as eu de cesse de me tenter,
Me comblant de richesses et de plaisirs
En satisfaisant presque tous mes désirs.
Tu as permis à mon imagination de s'envoler,
Me faisant oublier la dure vérité de la vie.

C'est de toi que j'ai tout appris,
Du bien jusqu'au mal,
Avec toi, j'ai bu le vin de la connaissance,
Et tu m'as fait connaître le beau et le moins beau
Tu m'as appris à compter
Et surtout, à ne compter sur rien,
Tu m'as appris à dire oui, mais surtout à dire non.
Tu m'as appris à connaître que rien
De ce qui existe n'est ou ne mérite d'être
Mais surtout à connaître que tout ce qui est n'est pas ce qui est,
Et que tout ce qui n'est pas l'est encore moins.

Tu es la révolte, le refus, la transcendance,
L'amour, la haine, l'ascendance,
La folie, le stupre, la luxure, les tentations,
La gourmandise, l'envie, la contestation,
Tu es le tout, sans qui, sans toi, je ne serais rien.

Celui qui a fait le ciel et la terre,
Et le bien et le mal, m'a créé une âme damnée
Que j'ai donné, damné,
Au diable, faute de pouvoir la donner
À dieu qui me l'a refusée.

Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné,
Et fait si faible, pour que j'abdique et
Que je ne puisse lui résister.

Maintenant que j'ai pris goût à le suivre,
Je n'aspire plus à rien d'autre qu'à rester à ses côtés
Que me fait d'être, pour le restant de mes jours, damné
Je l'étais déjà, dès le premier moment de mon existence.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Sunday, 19 October 2008

Toi, l'absente, l'inexistante, l'inabordable,

Toi, l'absente, l'inexistante, l'inabordable,
Je me demande qui tu es,
Quand je me permets de rêver de toi, toi, l'inimaginable
Je me demande qui tu pourrais être,
Si j'étais qui j'étais ou qui je pouvais être,
Me connaîtrais-tu, et si tu pouvais me reconnaître,
Dans le silence des temps et la solitude de la nuit,
M'aimerais-tu comme je t'aime déjà sans même te connaitre.

Figure qui traverse brièvement les paysages de ma vie,
Vogue au-dessus des fleuves de mon univers,
Ruines des mes songes les plus sublimes,
Traverse les chemins que j'ai dû ou aurais pu, un jour, parcourir.

L'amour, ma chère colombe blanche de mes blanches veilles,
Qui me chante une ode à la tristesse de mes nuits,
Belle dame aux lourdes larmes de perles,
Parle-moi de toi, de tes amours, de tes bonheurs et de tes rêves d'amante,

Viens, je te prendrais par la main,
Pour faire un bout de ce chemin,
Sous les peupliers qui bordent les cimetières,
Avec toi, main dans la main,
Avec toi, ton coeur dans le mien.

Et comme tu sais que je ne pourrais jamais
T'aimer comme je le devrais,
Je t'en prie, ne t'en offusque pas,
Il n'y a pas d'amours heureux,
Il n'y a pas que des amours malheureux,
Mais c'est toujours ça, c'est ça l'amour
Et c'est le seul que nous puissions encore partager.

©2008 Marwan Elkhoury

Mes jours sont si sombres



Mes jours sont si sombres
Qu'il ne reste plus que les nuits
Pour voir clair dans la noirceur des ombres,
Lucioles agitées qui luisent dans la nuit,
Signes évanescents de mes mondes païens.

Les astres lancent leurs flammes étranges
Qui brûlent mon front de stigmates d'archanges.
Même la lune a viré à l'orange
Dans le ciel sombre de mes nuits blanches.

Quelles sont ces bêtes-là qui hurlent dans la nuit
Les bruits des femmes-lions en rut
Qui hantent mes cauchemars de leurs danses brutes.

Elles demandent ma tête en échange d'un amour éternel
Je la leur offre avec d'autant plus de plaisir
Que je sais que de nos amours, nous ne pourrions en jouir
Que le temps d'un sec et bref battement d'aile.

Dieu, il me reste le vin rouge comme ultime sens
Je me saoule jusqu'à la lie de tout ce sang
Pour me rappeler les amours sereins
De la belle nubienne au corps d’airain et aux beaux seins,
Qui, après une nuit sans fin de plaisirs salaces,
M'offre en sacrifice aux dieux rapaces.

Ici-bas, tout plaisir se paye cher
Aux dieux jaloux qui observent nos ébats
À nous pauvres épaves mises aux enchères
Par des furies en chaleur qui cherchent à mettre bas.

Tout ce que nous sommes, que des piètres pantins
Dans les mains des dieux, qui se jouent de nous
De la nuit jusqu'aux premiers matins
Comme ils se jouent
De nos angoisses et de nos désirs les plus fous.

Comme avec une colombe blanche aux pieds d'ivoire,
Messagère d'abominations sans espoirs
Que notre race insolente fait rejaillir sur nous,
Prophéties très anciennes d'anachorètes des déserts d'orient.

La pâle princesse aux pieds d'or
Qui ressemble au reflet d'or dans un fleuve d'argent
Se meurt toujours d'amour
Pour saint Jean-Baptiste l'anachorète.

Et pour une nuit d'enfer et d'amour
Avec le sanguinaire Hérode le centaure,
Lui demandera la tête du beau fou de dieu
Qui roulera à ses pieds de vierge folle,
Le mépris encore dans ses livides yeux.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Saturday, 18 October 2008

J'écris par amour du désespoir


J'écris par amour du désespoir,
D'espoir encore de succomber
À ma tragique nature d'homme,
Programmés que nous sommes
Pour aimer sans être aimés,
Fruit d'une dévotion nécessaire
À la continuation d'une espèce vouée à l'échec
Sans toutefois pouvoir se débarrasser
De ses tares et de ses faiblesses d'hommes
Le désespoir du joueur d'échecs
Qui joue une partie perdue
D’avance dans la solitude d'un temps perdu
Contre le spectre de la mort fantôme.

Le désespoir devient vite un jeu,
Le jeu du je, qui, dans une lueur d'espoir
De ne pouvoir s'extraire d'un jeu
Du désespoir dont il a plaisir à le croire
Éternel autant qu'un monde
Fini pour à plaisir, jouer le je,
Ce piteux je qui déambule
Dans les quatre dimensions du monde
Sans même connaître la sienne
Encore moins celle de ses amours vides d'espoirs.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Tuesday, 14 October 2008

Love song

Love without song
Song without words
Everyone writes love songs
To you, except one.
God, I need your love !

Comment aimer quand on n'est pas aimé.
Je suis l'homme blessé, le mal-aimé, l'inaimé, l'inanimé.
Blessé dans mon amour propre et dans celui de toi
Je te cherche encore alors que tu m'as déjà perdu.
Tu ne voulais pas de mon amour quand je voulais du tien.
Tu m'as refusé ton amour et je n'ai pu rejeté le tien.

L'homme naît blessé car il n'est pas lui-même
Et quand il aime il blesse
Et quand il n'aime pas encore il blesse
Car il ne sait pas aimer comme il ne s'aime pas lui-même.

Tu ne me donnes plus de tes nouvelles.
Je ne cherche plus à en avoir.
Je dédie quand même ce poème
A cette âme silencieuse et blême
Que je ne veux plus revoir mais que j'aime.

Dieu le père, pourquoi m'as-tu abandonné,
Dieu le fils aussi, dieu la mère aussi.
La mort est abandon, la disparition aussi.
L'amour est trahison, la chanson, 
Comme chez Schubert, toujours syncopée.

©2008 Marwan Elkhoury

Banales bacchanales d'octobre


Ah que sont douces les nuits paisibles
De débâcles tranquilles
Et que sont belles les nuits d'octobre
Sans bruit et sans agitations inutiles.

Voici venue l'heure du jugement dernier
Glaciation terminale d'une civilisation finie
Humanité perdue et sans repères fixes
Jusqu'au cou enlisée dans les sables mouvants
De la déconfiture grossière des pauvres âmes mortes.

L'heure de vérité cachée de nos mensonges quotidiens a sonné
Surgissent maintenant nos folies ordinaires
Qui paralysent nos actes insensés
L'irrationalisation de notre irrationnel
Domine enfin le discours sur la rationalisation de l'irrationnel.

La réalité n'a plus jeu sur notre irréalité bien ancrée
Notre seule logorrhée est le silence gelé de l'homme médusé
Devant la violence de ce séisme naturel
Une lame d'acier sectionne le cerveau lobotomisé
Qui tombe sous les coupes nettes de bistouri d'un chirurgien tétanisé.

Dormir pour oublier que le dieu marché
N'apporte pas plus de réconfort à un monde naufragé
Que le sein rabougri d'une vieille putain éreintée.

Les noires journées d'octobre, célèbres
Pour ses fameuses révolutions, et ses belles célébrations
De faillites en série et d'orgies financières,
Nous arrachent à nos doux rêves de chaudes soirées
Tous autour d'un grand feu de cheminée
Un plaid sur les genoux, une femme à ses côtés, un chien à ses pieds
Pour nous jeter sans merci dans la foulée
A la merci du premier quidam
Qui, le couteau à la gorge, la bourse et la vie nous réclame.

Ah que sont douces les nuits paisibles
De débâcles tranquilles
Et que sont belles les nuits d'octobre
Sans bruit et sans agitations inutiles.

©2008 Marwan Elkhoury
© Photo AP

Sunday, 12 October 2008

Le poète


Le poète est parole.
Il est celui qui n'est capable
De rien d'autre que de la parole
Qui, plus ou moins que la parole,
Est promesse de l'impalpable.

Le poète la donne à qui veut l'entendre
A qui veut l'écouter et la comprendre.
Il fait des armes de ses larmes
Qui transpercent nos âmes,
Nous convulsent et nous transfigurent,
Jusqu'aux tréfonds du monde qu'on se figure.

Et dans le silence qui l'enlise
Il lance son cri intime
A la ronde
Pour donner à boire le verbe
A ceux coupables de s'enivrer
Du sang dont la teneur en alcool enfièvre.

Le poète n'est que celui qui est avant d'être,
Il poursuit sa chute vers ce qu'il devrait être
En s'élevant au-delà du possible,
Au-delà des stances de la bible.

La valeur de l'effort
Est dans le poids lui-même.
Telle une épave
Dont n'aurait voulu la mort,
Il réussit à se soulever à grande peine.

Le poète est le message,
Echoué, que la mer rejette,
Qui n'a de place en ce monde
Pour ce trop-plein de peines.

Expulsé du néant,
Le poète est condamné,
La grâce divinisée,
A y jeter son ancre.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Saturday, 11 October 2008

L'automne



La nature va bientôt perdre son élusive nature,
Ses feuilles, ses couleurs, sa musique, sa tessiture,
Comme nous, notre beauté, nos traits et notre fraîcheur,
C'est juste le temps qui suit sa cure.

Elle se pare de sa plus troublante parure
Pour recevoir la mort qui s'abat sur cette étonnante figure.
Les feuilles mortes tombées des beaux arbres flétris,
Tapissent mon chemin de fragiles dorures,
Et pour le triste passant que je suis,
Elles crissent sous mes pas transis de nostalgie.

La terre se couvre d'un magnifique tapis diaphane
Sur lequel elle s'apprête à étouffer sa dérangeante beauté.
Prude et honteuse de sa fin qui s'approche,
Elle joue encore à la belle courtisane
Et se cache derrière un épais voile, couleur de roche.

L'hiver, sous son lourd manteau blanc,
Enterrera le temps.
Trop lasse d'avoir attendu, inerte, tout ce temps,
La nature, dans un flot de verdure insolente,
Préparera son retour avec une belle vengeance
Dans une orgie de vert, de jaune, de bleu et de rouge.

Le temps reviendra comme avant,
La nature, aussi belle qu'avant,
Ou mieux, pire qu'avant,
Ou pire, mieux qu'avant.

Me relèverais-je, moi, à jamais
De cette fioriture transfigurée
Qui tombe sur moi et
Me couvre de son linceul laiteux.

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, 7 October 2008

Le rêve d'Icare



L'homme, dans son exercice,
Est la limite de l'homme,
Sa parole la limite de sa parole.
C'est dans l'expérience de cette limite
Que l'homme est homme,
Au faît de lui-même
Au pire de lui-même.

Que la parole est parole
Pari d'une parole de parole
La voix, plus qu'une voix,
Est voix de la voix
Incomplète et déroutée,
Hésitante et tronquée
Espoir d'un message mutilé
Échange d'un désespoir certain
De parole du désespoir plein.

L'homme aurait voulu échapper
À son destin d'homme et comme Icare
S'approcher du soleil sans écart
Pour échanger son destin du dédale.

Mais en s'approchant trop de la lumière
Il se brûle et porté par son poids d'homme,
Retombe dans la mer pour s'y noyer,
Ne pouvant échapper à son être,
D'homme trop pleinement terrestre.

L'homme avait voulu voler
Et comme Icare aurait voulu
Être dieu et dieu ne l'a pas voulu
Car il aurait dû être homme ou n'être rien.
Il n'y a pas place sous le soleil pour deux
Seul un seul et unique démiurge
Doit remplir la fonction de l'absolu.

Il enchaîne alors l'homme dans des tâches bêtes
Des travaux d'Hercule sans queue ni tête
Pour qu'il s'occupe à ces riens
Au lieu de s'occuper du tout
Pour lequel il n'est pas fait.

C'est alors qu'Icare cassé
Perds tout espoir de voler
Se retrouve dans les eaux, noyé
Avant de s'affaisser, condamné
A n'être que le naufragé d’être né.

©2008 Marwan Elkhoury
©Herbert Draper, The Lament for Icarus, Tate Collection

Sunday, 5 October 2008

Prière à dieu


C'est dimanche, et comme chaque dimanche,
Je fais ma prière à dieu.

Mon dieu, où que tu sois et qui que tu sois,
Je te demande, en ce jour de prière et de recueillement,
Pourquoi m'as-tu abandonné,
Seul, au milieu d'un désert
Pourquoi m'as-tu donné
Ces pensées que je ne peux penser
Ces pensées que je ne peux dépenser
Sans pour autant pouvoir penser l'impensable.

Pourquoi avoir fait le monde tel que tu l'as fait
Alors que tu aurais très bien pu ne rien faire
Ou si tu tenais tant à le faire,
Le faire différemment
Et si tu l'as fait ainsi,
Pourquoi l'avoir fait ainsi
Tout sens dessus dessous
Et nous dessus dessous,
Est-ce un signe de grandeur
Ou d'immense candeur.

Pourquoi avoir promis au soleil d'être soleil,
Aux astres et aux planètes d'être astres et planètes,
Aux fleurs d'être fleurs,
Aux animaux d'être animaux
Et aux hommes d'être hommes
Et de ne pas être
Si cela en a un, quel est le sens de tout cela
Et si cela n'en a pas, alors pourquoi tout cela.

Je t'en prie arrête de te moquer de nous et du monde
Retourne à la tâche et fais les choses comme il faut
Ou ne les fais plus
De toute manière quelle importance que tout ce que tu fais
Tout disparaîtra bientôt
Toi aussi avec comme tout ce qui a été
Et seul ce qui n'a pas été, à tout jamais, sera.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Il faut oublier

Il faut oublier, tout peut s'oublier,
Nos amours et nos haines,
Nos joies et nos tristesses,
Comment vivre sinon nos amours
Quand elles nous abandonnent,
Nos haines, quand elles nous assaillent,
Nos joies, quand elles s'éteignent,
Nos tristesses, quand elles nous blessent,
Nos chagrins, quand ils nous étreignent.

Il faut oublier, tout peut s'oublier
Rien ne sert de pleurer,
Les larmes ne ramèneront plus la vie,
Rien ne sert d'aimer,
Tout amour est fatal.
Rien ne reste
Tout s'en va.
Rien ne revient
Tout change.

Je ne veux rien connaître
Ni rien regretter
Tout être est absence d'être
Toute arrivée est départ
Toute connaissance trahison
Toute rencontre sans lendemain.

J'avais à coeur de te parler
De nos affaires d'âmes et de coeur
Au lieu de cela, nous parlions des temps qui pleurent
Paralysés par une timidité sans pudeur.

Nous sommes partis,
Comme nous sommes venus,
Chacun de son côté de la vie,
L'une avec ses yeux d'azur et son visage d'ébène,
L'autre noyé de remords et de peine.

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, 30 September 2008

Ò, nuit de mes amours

ô, nuit de mes amours,
tu ne fais que te plaindre de ta vie
qui est, dis-tu, d'une effroyable tristesse,
mais que pour rien au monde, 
tu ne l'échangerais contre une autre.
et moi je ne fais que me plaindre de ma vie
qui est d'une incroyable tristesse,
que je serais prêt à tout pour l'échanger contre la tienne,
vivre ta vie et ta tristesse pour te donner la joie
et transfigurer tes souffrances en plaisir.

Ma vie sans toi n'est que détresse et désespoir,
une nuit sans lune, un jour sans soleil,
toutes mes nuits je ne rêve que de toi
et mes jours se passent à rêver de mes nuits avec toi.

à combien se mesure la distance entre toi et moi
et combien de mers et de terres devrais-je
encore traverser pour te retrouver

Où s'arrête la route, où commence le chagrin
Où finit le chagrin et commencent les larmes
Où finissent les larmes pour que je découvre les charmes
De la vierge qui est née pour ne jamais aimer.

L'amour, cette inconnue, est venue jusqu'à moi
mais je n'ai pu la reconnaitre,
aveuglée que j'étais par toute sa beauté.
Je ne l'ai alors saisie que lorsqu'elle était déjà loin
et j'ai couru pour à son souffle boire
et mourir dans cette nuit si noire.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 28 September 2008

Un seul être me manque

Un seul être me manque
Et tout est dépeuplé.
Un seul être me manque
Et tout est repeuplé.

L'amour charnel
Est esclave du réel
Il obéit aux mêmes lois
De la géométrie des poids.

Attiré vers le bas,
Magnétisé par le vide,
Il tombe, à grands fracas,
En se fracassant sur les sols hostiles.

Nous jouons le jeu de l'amour
Pour mieux le feindre
S'en donner l'illusion.
Mais si, par malheur, il nous touchait,
Nous serions brûlés
Par le feu d'une passion incontrôlée.

Chacun est ombre et ombre de lui-même.
Tout n'est qu'illusion
Dans un monde qui n'existe plus,
Un monde qui n'est plus
Que la trace de sa création
Des milliers d'années-lumière en amont.

Tout, un jour, fut.
Tout ce qui fut, fut.
Plus rien n'est.
Ni moi, ni toi,
Ni amour, ni création,
Ni onde, ni monde.

Rien ne sert de se chercher
L'autre en soi-même
Ou soi-même en l'autre
Il faut se perdre à point.

©2008 Marwan Elkhoury

Friday, 26 September 2008

Ce qui est n'est pas

Ce qui est n'est pas
Car à peine il est il n'est plus.
Comment faire alors pour que ce qui n'est pas
Soit avant qu'il ne soit plus
Il faut pouvoir le décrire
Dans la pleine plénitude de son instantanéité
Avant l'effondrement immanent de sa fragile immensité.

Il faut pouvoir décrire le jour
Avant que l'ombre de la nuit ne l'efface
Décrire la couleur du ciel changeant,
Des nuages flottants et des astres filants,
Peindre le visage mouvant d'une personne amie
Avant que les traits de sa face
Ne se transforment dans l'inclinaison du temps.

Rien ne se tient, rien ne dure,
Tout ce qui s'écroule est ce qui perdure
Comme nos amours ou nos transes,
Qui ne durent que le temps d'une danse.

©2008 Marwan Elkhoury

Mon oeil



De mon oeil droit, je vois à peine de loin
De mon oeil gauche, je vois à peine de près,
Entre ces deux réalités, mes yeux balancent,
Et entre les deux, je ne m'accorde sur rien.

De près comme de loin, je n'y vois goutte
Et si je devais y voir, je n'en saurais quoi dire
Entre ce que je vois et ce qui est, il est des mondes,
Entre le voir et le dire, il en est d'autres encore,
Et de ces mondes, j'en invente d'autres encore.

Je ne connais de réalité que celle que je pressens
A l'intérieur de moi-même,
Et celle qui existe en dehors de moi,
Est encore celle qui existe en moi.

Que sais-je de ce qui est,
En dehors de moi ou en moi,
Je n'en connais que ce que j'en ressens
De douleur ou de plaisir,
De couleurs ou de désirs.

A quoi me sert-il de vivre alors
Si je ne peux connaitre ce qui est
Ni être ce que je suis.

De toute manière qui vous demande
Un avis. Vous êtes créé.
Un point c'est tout.

N'est-ce point assez d'être.
Vous auriez très bien pu ne jamais l'être.
Un tel cadeau tombé du ciel
Vaut bien toutes les saveurs du fiel.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Thursday, 25 September 2008

Entre le blanc et le noir

Entre le blanc et le noir,
Entre la vie et la mort,
Entre l'amour et la haine,
Entre la paix et la guerre,
Mon corps balance.

Entre soleil et nuit,
Entre lumière et obscurité,
Entre respiration et expiration,
Tremblements et scintillements,
Ma vie, dans le blanc, s'épanouit,
Et dans le noir de la mort s'anéantit,
Aboutissement, étincellements, anéantissement.

Entre le blanc et le noir,
Toutes la palette des couleurs de l'arc-en-ciel
Se profilent et se superposent devant moi,
En une blanche lumière couleur soleil,
Qui aveugle le monde de son ombre,
Jusqu'au noir qui nous couvre de ses reflets sombres.

Des bleus qui nous donnent froid au dos,
Aux rouges qui nous effarouchent,
En passant par les verts qui nous calment,
Du blanc, du bleu, du vert, du rouge et du noir,
Tout n'est qu'explosions calmes,
Tranquilles chaos et immenses voluptés.

C'est dans cette lumière aveuglante,
Que je commence et que je finis de voir,
Tout ce qu'il y a à voir du monde visible,
Sans pour autant pouvoir voir
Ce qui dépasse l'entendement,
L'univers dans son ensemble,
Des ultraviolets aux infrarouges.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 21 September 2008

Entre rêve et réalité


Entre rêve et réalité,
Entre le vrai et le faux,
Entre la vie et la mort,
Y a-t-il vie ou y a-t-il mort,
Y a-t-il l’espace d’un espace,
Y a-t-il le temps pour le temps d’un espace,
Et l’espace du temps,
L’espace du rêve sans la réalité,
L’espace du réel dans le rêve,
Et le rêve dans le rêve,
Rien qu’un rêve d’un réel rêvé,
L’espace d’être et d’avoir
Un espace pour moi et pour toi,
Un espace pour nous tous, pourquoi pas,
Un espace pour un bonheur sans malheur,
Un espace pour vivre sans mensonges,
Un espace pour vivre le temps de vivre
Des espaces assez larges pour nous contenir
Contenir nos rêves sans nos cauchemars
Tous nos désirs et nos plaisirs,
L’espace de nos amours sans nos haines,
Un espace pour les larmes,
Larmes de joie comme tristesse de la joie.

Si nous avions le temps de vivre,
Saurions-nous le prendre,
Ou toujours le laisser pendre
Comme un pendu à sa corde, de rêve ivre.

Sommes-nous vrais ou sommes-nous faux,
Sommes-nous tout simplement
Le rêve d’un autre, ou sa réalité,
Cet autre qui s’ennuie là-haut tout en haut,
Ou un quelconque autre entre lui et nous,
Qui s’amuse à nous rêver,
À nous rêver rêvant, à nous rêver souffrant,
À nous rêver pleurant et mourant,

Sommes-nous sans cesse tenus,
D’accepter d’être sans être,
De ne pas être en étant,
Être lui sans être nous,
Ou n’être pas du tout,
Donner à survivre, donner à subir,
Donner à la cause à cause
Que nous n’en sommes pas dignes
Ni d’être ni de ne pas être.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia