Sunday, 19 October 2008

Mes jours sont si sombres



Mes jours sont si sombres
Qu'il ne reste plus que les nuits
Pour voir clair dans la noirceur des ombres,
Lucioles agitées qui luisent dans la nuit,
Signes évanescents de mes mondes païens.

Les astres lancent leurs flammes étranges
Qui brûlent mon front de stigmates d'archanges.
Même la lune a viré à l'orange
Dans le ciel sombre de mes nuits blanches.

Quelles sont ces bêtes-là qui hurlent dans la nuit
Les bruits des femmes-lions en rut
Qui hantent mes cauchemars de leurs danses brutes.

Elles demandent ma tête en échange d'un amour éternel
Je la leur offre avec d'autant plus de plaisir
Que je sais que de nos amours, nous ne pourrions en jouir
Que le temps d'un sec et bref battement d'aile.

Dieu, il me reste le vin rouge comme ultime sens
Je me saoule jusqu'à la lie de tout ce sang
Pour me rappeler les amours sereins
De la belle nubienne au corps d’airain et aux beaux seins,
Qui, après une nuit sans fin de plaisirs salaces,
M'offre en sacrifice aux dieux rapaces.

Ici-bas, tout plaisir se paye cher
Aux dieux jaloux qui observent nos ébats
À nous pauvres épaves mises aux enchères
Par des furies en chaleur qui cherchent à mettre bas.

Tout ce que nous sommes, que des piètres pantins
Dans les mains des dieux, qui se jouent de nous
De la nuit jusqu'aux premiers matins
Comme ils se jouent
De nos angoisses et de nos désirs les plus fous.

Comme avec une colombe blanche aux pieds d'ivoire,
Messagère d'abominations sans espoirs
Que notre race insolente fait rejaillir sur nous,
Prophéties très anciennes d'anachorètes des déserts d'orient.

La pâle princesse aux pieds d'or
Qui ressemble au reflet d'or dans un fleuve d'argent
Se meurt toujours d'amour
Pour saint Jean-Baptiste l'anachorète.

Et pour une nuit d'enfer et d'amour
Avec le sanguinaire Hérode le centaure,
Lui demandera la tête du beau fou de dieu
Qui roulera à ses pieds de vierge folle,
Le mépris encore dans ses livides yeux.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

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