Tuesday, 14 October 2008

Banales bacchanales d'octobre


Ah que sont douces les nuits paisibles
De débâcles tranquilles
Et que sont belles les nuits d'octobre
Sans bruit et sans agitations inutiles.

Voici venue l'heure du jugement dernier
Glaciation terminale d'une civilisation finie
Humanité perdue et sans repères fixes
Jusqu'au cou enlisée dans les sables mouvants
De la déconfiture grossière des pauvres âmes mortes.

L'heure de vérité cachée de nos mensonges quotidiens a sonné
Surgissent maintenant nos folies ordinaires
Qui paralysent nos actes insensés
L'irrationalisation de notre irrationnel
Domine enfin le discours sur la rationalisation de l'irrationnel.

La réalité n'a plus jeu sur notre irréalité bien ancrée
Notre seule logorrhée est le silence gelé de l'homme médusé
Devant la violence de ce séisme naturel
Une lame d'acier sectionne le cerveau lobotomisé
Qui tombe sous les coupes nettes de bistouri d'un chirurgien tétanisé.

Dormir pour oublier que le dieu marché
N'apporte pas plus de réconfort à un monde naufragé
Que le sein rabougri d'une vieille putain éreintée.

Les noires journées d'octobre, célèbres
Pour ses fameuses révolutions, et ses belles célébrations
De faillites en série et d'orgies financières,
Nous arrachent à nos doux rêves de chaudes soirées
Tous autour d'un grand feu de cheminée
Un plaid sur les genoux, une femme à ses côtés, un chien à ses pieds
Pour nous jeter sans merci dans la foulée
A la merci du premier quidam
Qui, le couteau à la gorge, la bourse et la vie nous réclame.

Ah que sont douces les nuits paisibles
De débâcles tranquilles
Et que sont belles les nuits d'octobre
Sans bruit et sans agitations inutiles.

©2008 Marwan Elkhoury
© Photo AP

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