Tuesday, 7 October 2008

Le rêve d'Icare



L'homme, dans son exercice,
Est la limite de l'homme,
Sa parole la limite de sa parole.
C'est dans l'expérience de cette limite
Que l'homme est homme,
Au faît de lui-même
Au pire de lui-même.

Que la parole est parole
Pari d'une parole de parole
La voix, plus qu'une voix,
Est voix de la voix
Incomplète et déroutée,
Hésitante et tronquée
Espoir d'un message mutilé
Échange d'un désespoir certain
De parole du désespoir plein.

L'homme aurait voulu échapper
À son destin d'homme et comme Icare
S'approcher du soleil sans écart
Pour échanger son destin du dédale.

Mais en s'approchant trop de la lumière
Il se brûle et porté par son poids d'homme,
Retombe dans la mer pour s'y noyer,
Ne pouvant échapper à son être,
D'homme trop pleinement terrestre.

L'homme avait voulu voler
Et comme Icare aurait voulu
Être dieu et dieu ne l'a pas voulu
Car il aurait dû être homme ou n'être rien.
Il n'y a pas place sous le soleil pour deux
Seul un seul et unique démiurge
Doit remplir la fonction de l'absolu.

Il enchaîne alors l'homme dans des tâches bêtes
Des travaux d'Hercule sans queue ni tête
Pour qu'il s'occupe à ces riens
Au lieu de s'occuper du tout
Pour lequel il n'est pas fait.

C'est alors qu'Icare cassé
Perds tout espoir de voler
Se retrouve dans les eaux, noyé
Avant de s'affaisser, condamné
A n'être que le naufragé d’être né.

©2008 Marwan Elkhoury
©Herbert Draper, The Lament for Icarus, Tate Collection

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