Saturday, 22 November 2008

Le fou de la nuit (Majnoun et Layla)


J'ai rencontré la nuit
Un jour de pleine lune
Aveuglé par sa vue,
J'en ai perdu la vue.

Elle était belle
Comme le jour,
Ses lèvres rouges
Comme les pommes.

J'ai brûlé pour elle
D'un violent amour,
Qui m'acheva en somme.

J'étais fou d'elle,
Fou qu'elle me rendit à moi,
Comme elle ne voulait pas de moi,
Et moi qui ne voulait plus qu'elle.

Ô ma nuit, en toi je voudrais m'ensevelir,
Oublier que je t'aime, oublier, m'évanouir,
Pourquoi veux-tu me fuir,
Quand je ne veux que t'aimer.

L'amour est-il si dangereux
Que même le bonheur est malheureux,
Qu'une mort dans une tombe sans bruit,
Vaut mieux qu'une vie dans le silence de la nuit.

Je me suis plongé alors dans la nuit
Pour oublier qu'elle me fuit,
Mais partout là où je vais,
Je retrouve son visage 
Qui me lacère de plaies
Et me comble de présages.

Ô ma nuit, enveloppe-moi dans ton obscurité,
Que je ne voie plus que ta lumière dans l'éternité,
Brûle-moi dans l'enfer de tes yeux,
Et qu'auprès de toi j'en oublie même tes dieux.

Je t'ai donnée mon âme,
Je n'ai reçu que blâme,
Je t'ai laissée mes pleurs,
Je n'ai reçu que heurts.

Ô rage, ô désespoir,
Quel est ce sifflement dans le noir,
Ces serpents qui s'enlacent autour,
Autour de ce corps fou d'amour.

Y a-t-il guérison possible
À un amour sans cible,
Que morsure de scorpions,
En plus de cet abandon.

Ô amant esseulé,
Ô manant essoufflé,
Tu n'as nuit où te cacher,
La nuit t'a déjà fauchée.

Heureux que l'ange de la mort
Tende son cœur au corps
Meurtri par l'amour,
Naissant à la mort.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin dounia

No comments: