Tu m’attires dans tes yeux, et me foudroies de tes peines.
Tu paralyses mon inspiration, la remplaces par la tienne
Je prends ta voix et j'en fais une folle antienne.
Tu n’aimes qu’à aimer et être aimée
Tu me donnes l’amour sans la liberté de m’exprimer.
Tu veux la liberté et l’amour,
Mais tu me lies à toi et me laisses sans liberté.
Qu’est-ce que l’amour sans la liberté
Et la liberté sans l’amour.
Je revendique l’amour de la liberté et la liberté de l’amour.
Je suis ton ami. Tu te joues de mes faiblesses
Tu me fais peur par ton amour et me fait fuir de t’aimer.
Tu es la finesse, moi, la lourdeur.
Tu es la vie, je suis la mort,
Tu es la beauté de ma laideur,
Et moi, la laideur de ta beauté.
Mais l’un sans l’autre, nous ne sommes rien,
Et l’un dans l’autre, serions-nous si bien.
J’ai besoin de toi autant que tu as besoin de moi.
Je ne suis rien sans toi. Tu n’es rien sans moi.
Nos sorts sont liés ; tu vivras avec moi et tu mourras avec moi.
J’ai besoin de toi pour cristalliser mon imagination
Et toi pour imaginer mes cristallisations.
Mais lorsque je ne t’ai plus, je ne peux plus écrire
Et lorsque je t’écris, je ne suis plus épris.
À moins que, sur ton corps, je n’écrive mes lamentations
Et sur ta chair mes sensations
Mes mots deviennent des caresses,
Mes virgules te laissent des paresses,
Mes traits te donnent des chancres,
Et dans ton sang je plonge mes encres.
De ma plume, je te choie,
De mes doigts, je te broie,
De tes caresses, je me noie,
Et déroule ma plainte d’élève aux abois.
Comme un enfant gâté, avec son nouveau jouet,
Je te lance en l’air pour te faire éclater
En mille morceaux, chaque morceau s’éparpillant en mille autres morceaux.
Je sors de la chambre sans un regard
Pour ce désastre, que je balaie d’un coup de tête.
Muse, ô ma Muse, je voudrais t’aimer que je ne pourrais,
Ce n’est que lorsque tu n’es plus que je peux enfin être,
Tu t’amuses à me cajoler, je t’aime à me détester
Ta chevelure abonde d’un parfum de paradis,
Qui m’enchante à te chanter une ode pourrie.
Tu vis avec qui tu ne voudrais pas,
Moi, le poète sans illusions,
Ne pouvant être avec qui tu voudrais être,
Le Baudelaire des Fleurs du Mal ou le Rimbaud des Illuminations.
Voilà que je te dégoûte.
Je te rappelle que je ne suis rien sans toi, ni rien avec toi,
Qu’un vulgaire scribouilleur jouant au poète que tu déboutes.
©2008 Marwan Elkhoury
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