
Je griffonne à la va-vite sur un papier quelques notes éparses pour encrer ma dérive.
La route que j'emprunte n’est pas celle que j'ai choisie
Et je n'emprunte pas celle que j'ai choisie.
Ce que j’aurais voulu dire, je ne le dis pas,
Et ce que je dis, je n’aurais pas voulu le dire.
Ce ne sont pas les mots que l’on dit qui comptent, mais ceux que l’on ne dit pas,
Ce n’est pas ce que l'on écrit qui compte mais ce que l'on n'écrit pas,
Ce n’est pas ce que l’on voit qui compte, mais ce que l’on ne voit pas.
Celle que j’aurais voulu connaître, je ne la connais pas,
Et celle que je connais, je n’aurais pas voulu la connaître,
Ce que je fais n’est pas ce que j’aurais voulu faire,
Et ce que j’aurai voulu faire, je ne le fais pas.
Ce n’est pas ceci qui compte ni cela,
C'est autre chose, et autre chose encore, et toujours autre chose,
On nous parle de ce qui est comme si cela était,
Et de ce qui n’est pas comme si cela était,
Mais ce qui est n’est pas,
Et ce qui n’est pas n'est pas,
Mais alors,
Que faisons-nous ?
Que disons-nous ?
Qu’entendons-nous ?
Où allons-nous ?
Je ne sais pas. Probablement nulle part.
Nous marchons dans une nébuleuse de fausses paroles involontaires,
Dans un brouillard d’intentions, de non-dit et de non-fait,
D’un crépuscule à l'autre,
D’un désastre à l’autre.
Et nous faisons comme si,
Comme si tout cela était normal,
Comme si c’est cela que nous devions faire,
Sachant pertinemment bien que ce n’était pas cela,
Que ce ne serait jamais cela.
Mais que faire, à part jouer le jeu,
Ou notre part de rôle dans le jeu,
Un rôle que nous improvisons à l’instant du jeu,
A la recherche de nous-même,
Aveuglés pas l’obscurité de notre être et du non-être,
A la limite du tolérable et de l’intolérable,
A la limite de l'acceptable et de l'inacceptable,
A la limite de la raison et de la folie,
A la limite du plein et du vide,
Attrait de l’en-deça et de l'au-delà,
Bouclant la boucle du tout au rien,
Et du rien au rien.
©2008 Marwan Elkhoury
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