Wednesday, 6 August 2008

Hymne à la vie

Assis, sous le platane centenaire, comme eux,
Je me suis demandé mais de quoi parlaient-ils entre eux.
Des affaires courantes qui courent dans la brièveté de leurs vies
Des affaires pressantes qui pressent l’étau de leurs vies
Des affaires d’argent qui enrichissent le vide de leurs vies.

Assis sous le platane centenaire, comme eux,
Je les entends bavarder entre eux.
Les uns parlent de rien, les autres de tout.
Certains parlent certes, mais je ne sais de quoi,
D’autres ne parlent pas du tout, je ne sais pourquoi.
N’ont-ils rien à se dire ou ne veulent-ils rien dire du tout.

Ceux qui parlent, à vrai dire, parlent tous en même temps,
Criant à tue-tête pour mieux s’entendre pourtant
A qui les entends et pour qui ne les entends pas
Pour égayer une vie qui n’a plus rien de désopilant.

Assis sous le platane centenaire comme tous les soirs de leurs vies
Pour oublier tous les jours menés hors de leurs vies
Les misères au bureau, les rancoeurs au foyer
La monotone banalité du journalier,
Les refuges illusoires des rêves infimes.

Assis sous le platane centenaire, toutes les nuits de leurs vies
Pour s’exercer à mourir avant la mort pour de vrai
Vivre au jour le jour un ersatz de mort
Et se vacciner à vie contre la vie.

Assis sous le platane centenaire, comme eux,
Mais qui suis-je pour me mettre à la place de ces preux
Je ne suis qu’un bien piètre rêveur
Qui peut à peine imaginer son heure.

© 2008 Marwan Elkhoury

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