Friday, 1 August 2008

C'était juste après la guerre.

C'était juste après la guerre,
Mon amour, te souviens-tu encore ?
Comment me souviendrai-je de cette ère,
Qui m'a plongée dans une pénombre obscure ?

Te souviens-tu de nos amours, chéri,
De nos amours chéris, ce dont je me souviens encore,
C'est qu'avant de faire l'amour, chéri, 
On faisait toujours la même prière,
Toujours la même prière, chéri.

Je ne me souviens plus, chéri.  Mais si, chéri.
On priait dieu qu'il nous gardât en vie,
On priait pour que si l'on restait en vie,
Que l'on puisse vivre heureux.

C'était juste après la guerre,
Te souviens-tu, mon amour ?
Non, je ne me souviens plus,
Mais quelle importance pour nous.

Je me souviens plus des balles perdus,
Traçant dans la nuit nue
Des fils d'or d'une tapisserie géante
Toute tissée de rouges et de menthe.

Je me souviens plus des bombes incendiaires
Brûlant villages et pauvres héres.
Je me souviens plus des bombes à fragmentation
Qui flashaient comme des films d'animation
Explosant aux visages d'enfants qui les jetaient en l'air.

Je me souviens des miliciens de dix ans
Qui jouaient à la guerre comme on joue aux méchants
Brandissant leur klachin dans les rues en riant
Embourbées de sang et de corps boursouflés
Et, après avoir vidé des chargeurs complets,
Partaient en riant comme après avoir tiré un bon coup.

Alors, quand, enfin, les tirs se sont arrêtés,
Alors quand les enfants-miliciens se sont retirés,
Alors quand les politiciens, de leurs crimes, se sont fêtés,
Nous ramassâmes de parterre nos amours mortes
Des corps enlacés, des moignons d'enfants retors,
Pour les mettre en terre comme ils auraient aimé l'être encore
Et faire place nette à d'autres guerres si civilement menées.

© 2008 Marwan Elkhoury

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