Les corps des morts dansent, dansent
Sous la valse des combattants en transe,
Ils sont frais, ils sont beaux,
Ils sont jeunes, Quoi !
Les combattants, oui,
Les morts aussi,
Les morts qui dansent encore
Sous les pieds des combattants en corps,
Exaltés de victoire,
Assoiffés de sang,
Du sang de leurs frères, du sang de leurs sœurs,
Du sang de leurs mères et de leurs peurs,
De sang noir, rouge et aigre,
Du sang qui coulait dans les veines,
Du sang qui coule sur la noire asphalte,
Blanchie par la poussière
Des jeeps qui sont reparties,
Et ils dansent et ils dansent,
Au rythme des balles traçantes,
Qui tissent des fils d’or
Dans le corps des enfants,
De leurs mères et de leurs pores,
Des fils d’or qui tissent
L’histoire de ceux qui périssent
Ou qui n’en finissent plus de mourir,
Et chaque nuit, défilant l’écheveau,
Pour le tisser à nouveau,
Au soleil levant,
Telle Pénélope tuant l’ennui
Jusqu’au retour
De celui
Qui lui était promis depuis toujours,
Ils visent ces vies, danger pour l’ennemi.
Ils sont morts de n’avoir pas assez vécu
Ils sont morts d’avoir tant aimé
Morts sous le soleil éclatant
Sous un ciel bleu d’orient, pur de toute nuance
Morts pour n’avoir pu fuir les balles
Qui couraient
Plus vite que leurs petits pieds
Qui faisaient mal
Sur le bord de la route ou sur le seuil de la vie,
Ils s’accouplent aux corbeaux et aux vautours
Pour se repaître de leurs chairs,
Tendres et rouges d’animaux sains
Ou finiront dans le container du coin
Empaquetés dans le plastic comme la viande au supermarché
Ils passeront encore au spot télé
Ce soir au journal de vingt heures
Pour trente longues secondes
Et retourneront, comme ils sont venus,
Aux temps où ils n’étaient rien
Aux temps où ni la douleur ni le mal,
Ni la guerre ni les balles
Ne pouvaient les atteindre
Aux temps où tout était beau
Car tout était rien
Ils étaient saufs ils étaient bien
Tout encore était possible
Et vie et vérité
Mais à ceux qui choisissaient la vie,
Du meilleur étaient, pour un temps, privés.
Encore une belle année qui s’écoule
Au fil du temps comme l’eau s'écoule.
jeudi, octobre 25, 2007
© 2007 Marwan Elkhoury
Tuesday, 22 July 2008
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