Tuesday, 22 July 2008

Exil

Je ne suis pas d’ici.  Je reviens de là où je n’ai pas été.
Je n’ai aucun souvenir et je suis libre comme l’été.

Pourquoi me dirigeais-je devant cette belle maison patricienne
A arcades et tuiles de Sienne ;
Cette maison, mille fois, je tentais de l’imaginer,
Ces vignes vierges, ces rhododendrons et ces grands palmiers,
Cette belle porte noire en fer forgé,
Cette grande façade en pierre de sable, ces grands escaliers.

Je marche à travers de sombres et froids corridors,
Je reviens voir ce que je n’ai jamais connu mais simplement pressenti
Je ne reconnais ni ces marbres blancs, ni ces lustres en cristal, ni ces tapis caucasiens,
Je n’ai pas dormi dans ces lits à baldaquin, ni dans ces beaux draps fins de lin.

Je parcours un chemin que je n’ai pas fréquenté
Mais que j’aurais pu si l’exil ne m’avait happé,
J’écarte les branches qui ne m’ont pas effleuré
Et les pas que je fais, je ne les retrouve plus

Je suis arrivé par ce rivage inconnu
Qui me portait là où j’aurais dû être avant la fuite
Et cet horizon que je vois pour la première fois
me rappelle quelque chose que j’aurais dû avoir connu.

Je suis cet enfant qui n'a pas été
Ne pourrais-je plus reconnaître ce qui est moi,
Ai-je à tout jamais perdu la mémoire de mes souvenirs inventés ?

© 2008 Marwan Elkhoury

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