Sunday, 26 October 2008

La vie


La vie, on pourrait la vivre, si elle était vivable,
Elle a parfois du bon, même si, parfois, elle est aussi exécrable.
Il y a qu'il n'y a que ça, nous n'avons pas le choix.
C'est cela ou rien. Entre le rien ou cela, mon coeur palpite.

La vie est un mensonge.
Elle est à nous sans l'être,
Comme ceux qu'on aime en songes,
Qui, contrairement à ce que l'on croit,
Sont à nous, sans l'être.

Côté sud, elle est souriante,
Mais côté nord, elle l'est déjà moins.
À l'est, c'est la peur, et à l'ouest, la panique.

Associe à ton existence d'homme,
Tout ce qui te distrait de l'être
Ou de ne pas l'être,
L'ivresse, la drogue, le sexe et autres casse-têtes,
L'orgueil, les conquêtes, les honneurs, les richesses et les fêtes.

C'est par les yeux de l'enfant que je bois la vie,
Et au sourire des miens que je me saoule d'eau-de-vie.
Allons, enfants, toujours un effort,
La vie, c'est dur, mais c'est beau encore.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

La nouvelle heure

Il faut, parait-il régler son heure à la nouvelle heure
À chaque saison ses couleurs, à chacun son heure,
Mais je ne sais d'abord quelle heure
Je suis, ni quel temps d'ailleurs
Complètement déboussolé par tous ces changements
Sans rien, du reste, qui ne change.

Je suis sorti régler mon temps à l'espace
L'espace était vide et j'étais seul dessus
Pas un être à la ronde, ni bête, ni oiseau ni même un bruit
Sauf une cloche qui sonnait au loin l'angélus

Je ne savais dans quel monde j'étais
Si c'était dans celui-ci ou dans un autre
Si, j'avais aussi changé d'espace, avec ce changement d'heure,
Me retrouvant ni tout à fait le même, ni tout à fait ailleurs.

Si je me retrouvais si seul, me dis-je
C'est que tous, sauf moi, avaient bougé.
J'étais resté là où j'étais,
Alors que tout, espace, comme temps,
Comme gens, s'étaient déplacés,
Me laissant ici, comme je l'ai toujours été,
Réfugié dans le transitoire comme un éternel déplacé.

©2008 Marwan Elkhoury

Saturday, 25 October 2008

Asymétrie du marché de l'amour


C'est quand j'ai commencé à vivre
Que je me suis arrêté de vivre.
Et celui que je suis est celui qui m'a été arraché.
Ma vie disparaît à mesure qu'elle apparaît
Comme mon amour chavire à mesure qu'il s'avive.

La révélation de ma vie fut ma disparition.
À mon amour pour elle, elle s’est arrachée
Alors qu'à grand feu je me meurs d'attrition.

Je suis passé d'un amour transi aux enfers torrides.
Tombé malade, j'aurais pu espérer, sinon une guérison,
Du moins, une convalescence tranquille,
Mais, tombé amoureux, je ne puis compter d'aucune rémission.

L'âme contient nos enfers
Pour nous lier pieds et mains dans les fers
À cause d'un amour meurtri.
Et je trempe ma plume dans mon sang noir
Pour écrire l'histoire
Vivante et sanglante de ma damnation.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Thursday, 23 October 2008

Le diable



Le diable est mon frère, mon ami, 
Mon compagnon des beaux et des mauvais jours.
À peine né et bien avant d'ouvrir les yeux, il était déjà à mes côtés,
Et, depuis ce moment fatidique, ne m'a plus jamais quitté.

Qu'est-ce que je connais du ciel. Rien.
Mais l'enfer est mon quotidien,
Guerres, cataclysmes et maladies,
Sont le pain de mes beaux jours
Et de mes mauvais jours,
Mieux vaut n'en pas parler.

Pour pallier à toutes les faiblesses 
De ma faible constitution,
Depuis le berceau jusques au tombeau,
Tu n'as eu de cesse de me tenter,
Me comblant de richesses et de plaisirs
En satisfaisant presque tous mes désirs.
Tu as permis à mon imagination de s'envoler,
Me faisant oublier la dure vérité de la vie.

C'est de toi que j'ai tout appris,
Du bien jusqu'au mal,
Avec toi, j'ai bu le vin de la connaissance,
Et tu m'as fait connaître le beau et le moins beau
Tu m'as appris à compter
Et surtout, à ne compter sur rien,
Tu m'as appris à dire oui, mais surtout à dire non.
Tu m'as appris à connaître que rien
De ce qui existe n'est ou ne mérite d'être
Mais surtout à connaître que tout ce qui est n'est pas ce qui est,
Et que tout ce qui n'est pas l'est encore moins.

Tu es la révolte, le refus, la transcendance,
L'amour, la haine, l'ascendance,
La folie, le stupre, la luxure, les tentations,
La gourmandise, l'envie, la contestation,
Tu es le tout, sans qui, sans toi, je ne serais rien.

Celui qui a fait le ciel et la terre,
Et le bien et le mal, m'a créé une âme damnée
Que j'ai donné, damné,
Au diable, faute de pouvoir la donner
À dieu qui me l'a refusée.

Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné,
Et fait si faible, pour que j'abdique et
Que je ne puisse lui résister.

Maintenant que j'ai pris goût à le suivre,
Je n'aspire plus à rien d'autre qu'à rester à ses côtés
Que me fait d'être, pour le restant de mes jours, damné
Je l'étais déjà, dès le premier moment de mon existence.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Sunday, 19 October 2008

Toi, l'absente, l'inexistante, l'inabordable,

Toi, l'absente, l'inexistante, l'inabordable,
Je me demande qui tu es,
Quand je me permets de rêver de toi, toi, l'inimaginable
Je me demande qui tu pourrais être,
Si j'étais qui j'étais ou qui je pouvais être,
Me connaîtrais-tu, et si tu pouvais me reconnaître,
Dans le silence des temps et la solitude de la nuit,
M'aimerais-tu comme je t'aime déjà sans même te connaitre.

Figure qui traverse brièvement les paysages de ma vie,
Vogue au-dessus des fleuves de mon univers,
Ruines des mes songes les plus sublimes,
Traverse les chemins que j'ai dû ou aurais pu, un jour, parcourir.

L'amour, ma chère colombe blanche de mes blanches veilles,
Qui me chante une ode à la tristesse de mes nuits,
Belle dame aux lourdes larmes de perles,
Parle-moi de toi, de tes amours, de tes bonheurs et de tes rêves d'amante,

Viens, je te prendrais par la main,
Pour faire un bout de ce chemin,
Sous les peupliers qui bordent les cimetières,
Avec toi, main dans la main,
Avec toi, ton coeur dans le mien.

Et comme tu sais que je ne pourrais jamais
T'aimer comme je le devrais,
Je t'en prie, ne t'en offusque pas,
Il n'y a pas d'amours heureux,
Il n'y a pas que des amours malheureux,
Mais c'est toujours ça, c'est ça l'amour
Et c'est le seul que nous puissions encore partager.

©2008 Marwan Elkhoury

Mes jours sont si sombres



Mes jours sont si sombres
Qu'il ne reste plus que les nuits
Pour voir clair dans la noirceur des ombres,
Lucioles agitées qui luisent dans la nuit,
Signes évanescents de mes mondes païens.

Les astres lancent leurs flammes étranges
Qui brûlent mon front de stigmates d'archanges.
Même la lune a viré à l'orange
Dans le ciel sombre de mes nuits blanches.

Quelles sont ces bêtes-là qui hurlent dans la nuit
Les bruits des femmes-lions en rut
Qui hantent mes cauchemars de leurs danses brutes.

Elles demandent ma tête en échange d'un amour éternel
Je la leur offre avec d'autant plus de plaisir
Que je sais que de nos amours, nous ne pourrions en jouir
Que le temps d'un sec et bref battement d'aile.

Dieu, il me reste le vin rouge comme ultime sens
Je me saoule jusqu'à la lie de tout ce sang
Pour me rappeler les amours sereins
De la belle nubienne au corps d’airain et aux beaux seins,
Qui, après une nuit sans fin de plaisirs salaces,
M'offre en sacrifice aux dieux rapaces.

Ici-bas, tout plaisir se paye cher
Aux dieux jaloux qui observent nos ébats
À nous pauvres épaves mises aux enchères
Par des furies en chaleur qui cherchent à mettre bas.

Tout ce que nous sommes, que des piètres pantins
Dans les mains des dieux, qui se jouent de nous
De la nuit jusqu'aux premiers matins
Comme ils se jouent
De nos angoisses et de nos désirs les plus fous.

Comme avec une colombe blanche aux pieds d'ivoire,
Messagère d'abominations sans espoirs
Que notre race insolente fait rejaillir sur nous,
Prophéties très anciennes d'anachorètes des déserts d'orient.

La pâle princesse aux pieds d'or
Qui ressemble au reflet d'or dans un fleuve d'argent
Se meurt toujours d'amour
Pour saint Jean-Baptiste l'anachorète.

Et pour une nuit d'enfer et d'amour
Avec le sanguinaire Hérode le centaure,
Lui demandera la tête du beau fou de dieu
Qui roulera à ses pieds de vierge folle,
Le mépris encore dans ses livides yeux.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Saturday, 18 October 2008

J'écris par amour du désespoir


J'écris par amour du désespoir,
D'espoir encore de succomber
À ma tragique nature d'homme,
Programmés que nous sommes
Pour aimer sans être aimés,
Fruit d'une dévotion nécessaire
À la continuation d'une espèce vouée à l'échec
Sans toutefois pouvoir se débarrasser
De ses tares et de ses faiblesses d'hommes
Le désespoir du joueur d'échecs
Qui joue une partie perdue
D’avance dans la solitude d'un temps perdu
Contre le spectre de la mort fantôme.

Le désespoir devient vite un jeu,
Le jeu du je, qui, dans une lueur d'espoir
De ne pouvoir s'extraire d'un jeu
Du désespoir dont il a plaisir à le croire
Éternel autant qu'un monde
Fini pour à plaisir, jouer le je,
Ce piteux je qui déambule
Dans les quatre dimensions du monde
Sans même connaître la sienne
Encore moins celle de ses amours vides d'espoirs.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Tuesday, 14 October 2008

Love song

Love without song
Song without words
Everyone writes love songs
To you, except one.
God, I need your love !

Comment aimer quand on n'est pas aimé.
Je suis l'homme blessé, le mal-aimé, l'inaimé, l'inanimé.
Blessé dans mon amour propre et dans celui de toi
Je te cherche encore alors que tu m'as déjà perdu.
Tu ne voulais pas de mon amour quand je voulais du tien.
Tu m'as refusé ton amour et je n'ai pu rejeté le tien.

L'homme naît blessé car il n'est pas lui-même
Et quand il aime il blesse
Et quand il n'aime pas encore il blesse
Car il ne sait pas aimer comme il ne s'aime pas lui-même.

Tu ne me donnes plus de tes nouvelles.
Je ne cherche plus à en avoir.
Je dédie quand même ce poème
A cette âme silencieuse et blême
Que je ne veux plus revoir mais que j'aime.

Dieu le père, pourquoi m'as-tu abandonné,
Dieu le fils aussi, dieu la mère aussi.
La mort est abandon, la disparition aussi.
L'amour est trahison, la chanson, 
Comme chez Schubert, toujours syncopée.

©2008 Marwan Elkhoury

Banales bacchanales d'octobre


Ah que sont douces les nuits paisibles
De débâcles tranquilles
Et que sont belles les nuits d'octobre
Sans bruit et sans agitations inutiles.

Voici venue l'heure du jugement dernier
Glaciation terminale d'une civilisation finie
Humanité perdue et sans repères fixes
Jusqu'au cou enlisée dans les sables mouvants
De la déconfiture grossière des pauvres âmes mortes.

L'heure de vérité cachée de nos mensonges quotidiens a sonné
Surgissent maintenant nos folies ordinaires
Qui paralysent nos actes insensés
L'irrationalisation de notre irrationnel
Domine enfin le discours sur la rationalisation de l'irrationnel.

La réalité n'a plus jeu sur notre irréalité bien ancrée
Notre seule logorrhée est le silence gelé de l'homme médusé
Devant la violence de ce séisme naturel
Une lame d'acier sectionne le cerveau lobotomisé
Qui tombe sous les coupes nettes de bistouri d'un chirurgien tétanisé.

Dormir pour oublier que le dieu marché
N'apporte pas plus de réconfort à un monde naufragé
Que le sein rabougri d'une vieille putain éreintée.

Les noires journées d'octobre, célèbres
Pour ses fameuses révolutions, et ses belles célébrations
De faillites en série et d'orgies financières,
Nous arrachent à nos doux rêves de chaudes soirées
Tous autour d'un grand feu de cheminée
Un plaid sur les genoux, une femme à ses côtés, un chien à ses pieds
Pour nous jeter sans merci dans la foulée
A la merci du premier quidam
Qui, le couteau à la gorge, la bourse et la vie nous réclame.

Ah que sont douces les nuits paisibles
De débâcles tranquilles
Et que sont belles les nuits d'octobre
Sans bruit et sans agitations inutiles.

©2008 Marwan Elkhoury
© Photo AP

Sunday, 12 October 2008

Le poète


Le poète est parole.
Il est celui qui n'est capable
De rien d'autre que de la parole
Qui, plus ou moins que la parole,
Est promesse de l'impalpable.

Le poète la donne à qui veut l'entendre
A qui veut l'écouter et la comprendre.
Il fait des armes de ses larmes
Qui transpercent nos âmes,
Nous convulsent et nous transfigurent,
Jusqu'aux tréfonds du monde qu'on se figure.

Et dans le silence qui l'enlise
Il lance son cri intime
A la ronde
Pour donner à boire le verbe
A ceux coupables de s'enivrer
Du sang dont la teneur en alcool enfièvre.

Le poète n'est que celui qui est avant d'être,
Il poursuit sa chute vers ce qu'il devrait être
En s'élevant au-delà du possible,
Au-delà des stances de la bible.

La valeur de l'effort
Est dans le poids lui-même.
Telle une épave
Dont n'aurait voulu la mort,
Il réussit à se soulever à grande peine.

Le poète est le message,
Echoué, que la mer rejette,
Qui n'a de place en ce monde
Pour ce trop-plein de peines.

Expulsé du néant,
Le poète est condamné,
La grâce divinisée,
A y jeter son ancre.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Saturday, 11 October 2008

L'automne



La nature va bientôt perdre son élusive nature,
Ses feuilles, ses couleurs, sa musique, sa tessiture,
Comme nous, notre beauté, nos traits et notre fraîcheur,
C'est juste le temps qui suit sa cure.

Elle se pare de sa plus troublante parure
Pour recevoir la mort qui s'abat sur cette étonnante figure.
Les feuilles mortes tombées des beaux arbres flétris,
Tapissent mon chemin de fragiles dorures,
Et pour le triste passant que je suis,
Elles crissent sous mes pas transis de nostalgie.

La terre se couvre d'un magnifique tapis diaphane
Sur lequel elle s'apprête à étouffer sa dérangeante beauté.
Prude et honteuse de sa fin qui s'approche,
Elle joue encore à la belle courtisane
Et se cache derrière un épais voile, couleur de roche.

L'hiver, sous son lourd manteau blanc,
Enterrera le temps.
Trop lasse d'avoir attendu, inerte, tout ce temps,
La nature, dans un flot de verdure insolente,
Préparera son retour avec une belle vengeance
Dans une orgie de vert, de jaune, de bleu et de rouge.

Le temps reviendra comme avant,
La nature, aussi belle qu'avant,
Ou mieux, pire qu'avant,
Ou pire, mieux qu'avant.

Me relèverais-je, moi, à jamais
De cette fioriture transfigurée
Qui tombe sur moi et
Me couvre de son linceul laiteux.

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, 7 October 2008

Le rêve d'Icare



L'homme, dans son exercice,
Est la limite de l'homme,
Sa parole la limite de sa parole.
C'est dans l'expérience de cette limite
Que l'homme est homme,
Au faît de lui-même
Au pire de lui-même.

Que la parole est parole
Pari d'une parole de parole
La voix, plus qu'une voix,
Est voix de la voix
Incomplète et déroutée,
Hésitante et tronquée
Espoir d'un message mutilé
Échange d'un désespoir certain
De parole du désespoir plein.

L'homme aurait voulu échapper
À son destin d'homme et comme Icare
S'approcher du soleil sans écart
Pour échanger son destin du dédale.

Mais en s'approchant trop de la lumière
Il se brûle et porté par son poids d'homme,
Retombe dans la mer pour s'y noyer,
Ne pouvant échapper à son être,
D'homme trop pleinement terrestre.

L'homme avait voulu voler
Et comme Icare aurait voulu
Être dieu et dieu ne l'a pas voulu
Car il aurait dû être homme ou n'être rien.
Il n'y a pas place sous le soleil pour deux
Seul un seul et unique démiurge
Doit remplir la fonction de l'absolu.

Il enchaîne alors l'homme dans des tâches bêtes
Des travaux d'Hercule sans queue ni tête
Pour qu'il s'occupe à ces riens
Au lieu de s'occuper du tout
Pour lequel il n'est pas fait.

C'est alors qu'Icare cassé
Perds tout espoir de voler
Se retrouve dans les eaux, noyé
Avant de s'affaisser, condamné
A n'être que le naufragé d’être né.

©2008 Marwan Elkhoury
©Herbert Draper, The Lament for Icarus, Tate Collection

Sunday, 5 October 2008

Prière à dieu


C'est dimanche, et comme chaque dimanche,
Je fais ma prière à dieu.

Mon dieu, où que tu sois et qui que tu sois,
Je te demande, en ce jour de prière et de recueillement,
Pourquoi m'as-tu abandonné,
Seul, au milieu d'un désert
Pourquoi m'as-tu donné
Ces pensées que je ne peux penser
Ces pensées que je ne peux dépenser
Sans pour autant pouvoir penser l'impensable.

Pourquoi avoir fait le monde tel que tu l'as fait
Alors que tu aurais très bien pu ne rien faire
Ou si tu tenais tant à le faire,
Le faire différemment
Et si tu l'as fait ainsi,
Pourquoi l'avoir fait ainsi
Tout sens dessus dessous
Et nous dessus dessous,
Est-ce un signe de grandeur
Ou d'immense candeur.

Pourquoi avoir promis au soleil d'être soleil,
Aux astres et aux planètes d'être astres et planètes,
Aux fleurs d'être fleurs,
Aux animaux d'être animaux
Et aux hommes d'être hommes
Et de ne pas être
Si cela en a un, quel est le sens de tout cela
Et si cela n'en a pas, alors pourquoi tout cela.

Je t'en prie arrête de te moquer de nous et du monde
Retourne à la tâche et fais les choses comme il faut
Ou ne les fais plus
De toute manière quelle importance que tout ce que tu fais
Tout disparaîtra bientôt
Toi aussi avec comme tout ce qui a été
Et seul ce qui n'a pas été, à tout jamais, sera.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Il faut oublier

Il faut oublier, tout peut s'oublier,
Nos amours et nos haines,
Nos joies et nos tristesses,
Comment vivre sinon nos amours
Quand elles nous abandonnent,
Nos haines, quand elles nous assaillent,
Nos joies, quand elles s'éteignent,
Nos tristesses, quand elles nous blessent,
Nos chagrins, quand ils nous étreignent.

Il faut oublier, tout peut s'oublier
Rien ne sert de pleurer,
Les larmes ne ramèneront plus la vie,
Rien ne sert d'aimer,
Tout amour est fatal.
Rien ne reste
Tout s'en va.
Rien ne revient
Tout change.

Je ne veux rien connaître
Ni rien regretter
Tout être est absence d'être
Toute arrivée est départ
Toute connaissance trahison
Toute rencontre sans lendemain.

J'avais à coeur de te parler
De nos affaires d'âmes et de coeur
Au lieu de cela, nous parlions des temps qui pleurent
Paralysés par une timidité sans pudeur.

Nous sommes partis,
Comme nous sommes venus,
Chacun de son côté de la vie,
L'une avec ses yeux d'azur et son visage d'ébène,
L'autre noyé de remords et de peine.

©2008 Marwan Elkhoury