Sunday, 7 September 2008

Les cris et l’écrit

Oserai-je t’appeler amie,
Alors que tu ne m’appelles même pas.
Oserai-je t’appeler alors que tu ne m’appelles pas.
À défaut de t’appeler, je t’écris.

Tout écrit est un cri,
Un cri sourd,
Un cri lourd,
Un cri.

L’échec du cri est l’écrit,
L’échec de l’écrit est le cri interné,
L’échec du cri interné est écriture interieure,
Et l’échec de l’échec est l’échec et mat.

Cri de désespoir de n’être pas écouté,
Dont l’espoir n’est que l’espoir d’un désespoir d’être écouté,
Au mieux le désespoir d’un espoir de ne pas être écouté.

Je t’appelle alors sans t’appeler,
Pour que tu ne m’appelles plus sans m’appeler.
Je t’écris, poussé
Par ce besoin animal ou sentimental de parler
Plus que de te parler,
Parler dans un désert de foules silencieuses et muettes,
Ne communiquant plus que par palimpsestes
Dont la trace se perd dans des tables célestes.

J’écris, plus pour écrire que pour dire.
Je n’ai rien à dire. Encore faut-il le dire
Pour que tout le monde le sache.
En même temps que je contemple toute l’absurdité de ce cri,
Je me refuse à ce qu’il m’empêche ni de le faire ni de le dire.
Ceci est cela. A cela, aucun ne peut y échapper
En faisant comme si ça ne l’était pas.

©2008 Marwan Elkhoury

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