Thursday, 27 November 2008

Le virus de l'amour

Tu es rentrée dans ma vie par effraction
Et pour cette fraction de seconde où tu m'as aimé
Tu m'as inoculé le virus de l'amour.

Tu fus mon premier et dernier amour.
Et pour le restant de mes tristes jours,
Tu auras été ma seule et unique passion.

Passé cet éclair d'instant,
Tu ne m'as plus jamais aimé.
Mais pour ce court moment
Que tu m'as octroyé,

Je suis tombé
A tes pieds,
Pour ne jamais plus
Me relever.

Toute ma vie, je t'aurais aimée
Toute ta vie, tu m'auras damné.
Pour mon malheur, je t'ai aimée
Pour ton bonheur, je t'ai aimée
Pour mon malheur, tu m'as délaissé.
Pour ton bonheur, tu m'as abandonné.

Je t'ai aimée dès mon premier regard
Tu n'as eue pour moi aucun égard.
Je t'ai aimée de mon premier regard
Tu as été pour moi, tout hagard.

Pour mon malheur et pour le tien,
Nous nous sommes rencontrés sans nous rencontrer,
Tu as traversé ma vie en la caressant,
J'ai traversé ta vie en la transgressant.

Par toi, j'ai découvert ce gouffre d'amour
Que tu n'as su remplir que par ton mépris.
Et fière d'être restée si peu éprise
Moi, de toi, je me mourrais d'amour.

Et sur mon lit de mort, je t'ai demandée,
Et sur mon lit de mort, tu m'as dédaigné.
Juste que sur mon lit de mort, tu as fais le mort,
Juste que sur mon lit de mort, tu m'as fait tort.

Je n'aurais pas dû t'aimer mais je t'ai aimée
Tu aurais dû m'aimer mais tu ne m'as pas aimé
Quel est cet amour qui est sans amour
Contre cet amour si plein d'amour.

La vie est un rêve
Qu'il ne faut pas vivre,
Une vie qu'il faut pouvoir rêver
Pour la pouvoir vivre.

Tuesday, 25 November 2008

La vie est un rêve

La vie est un rêve
Qu'il ne faut pas vivre,
Une vie qu'il faut pouvoir rêver
Pour la pouvoir vivre.
Dieu merci, la vie est ailleurs
Dieu merci elle n'est pas ici.

En me donnant la vie
J'ai reçu l'avoir sans en avoir l'être.
La naissance m'a été arrachée
Pour passer d'un éternel non-être
À un lamentable être.

Je ne suis ni d'ici ni d'ailleurs
Je ne suis de nulle part,
On ne vit pas dans le passé,
Encore moins dans le futur,
Mais dans un indéfini présent
Qui ni ne se donne ni ne se prend.

Vivre n'importe où
Comme vivre n'importe quand
Et croire n'importe quoi.
Qu'est-ce que cela change
Quand rien n'est rien.

Pourquoi cette souffrance
Qui ne m'a jamais quittée.
En plus de ma vie, j'ai perdu l'amour
Sans jamais l'avoir gagné.

Ô sombres nuits, ô tristes aurores,
Désespoirs et horreurs
L'amour vous emplit
D'un mal-être langoureux.

Un ciel de douceur
Salut les blancheurs
Des corps amoureux.

En somme, l'amour vaut-il
Ces larmes de crocodile
Pour celui qui ne l'a pas connu,
Désespéré, il le cherche toujours.

Quand l'ange noir frappe à la porte
Du condamné à mort
C'est enfin le salut qui l'échoit.

Tu as tort de t'en faire
Qu'est-ce à faire
De ce quelconque corps
Qui va de toute façon pourrir
Dans l'étendue de ses rires.

©2008 Marwan Elkhoury

Mes langues maternelles

J'ai quitté la simplicité de l'enfance
Pour la complexité de l'indifférence.
Je pense de plusieurs façons différentes
Sans pour autant qu'elles soient convergentes.

En français, j'écris dans un sens,
En arabe, j'écris dans un autre,
Dans une langue, je pense un sens,
Et dans l'autre, je pense l'opposé,
Et comme je mélange une langue avec l'autre,
Je pense à la fois dans deux directions opposées.

Comment s'y retrouver 
Et quelle langue parler
Quelle prendre dans le sens du poil
Et quelle autre à rebrousse-poil.

Ne pourrais-je pas uniquement parler
En phrases qui se lisent aussi bien
Dans un sens comme dans l'autre
Tout en ayant des sens opposés
Pour se contredire l'une l'autre
Et se neutraliser l'une l'autre.


Depuis ce jour où l'on m'a appris
Qu'il existait plusieurs langues

Comme aussi plusieurs dieux

J'en ai perdu l'innocence

Et méprisé les cieux.


Ma relation avec le monde

Epousa la complication des deux mondes

Un mariage naturel et tout à fait insensé

D'un orient désorienté avec un occident oxydé.


©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 23 November 2008

Je t'aime


Je ne sais pas dire: je t'aime
Ne suis pas capable d'aimer,
J'ai perdu les mots,
Envahi par mes maux,
Ne puis plus qu'ânonner.

J'ai perdu l'amour,
Sans en perdre la nostalgie
Perdu la parole,
Sans en perdre la maléfique envie
Perdu pour toujours,
Perdu à mort.

Si rien ne se perd
Et que tout se retrouve,
Suis-je celui que je ne suis pas,
Comme je me perds
Et ne me retrouve pas.

Pourquoi ne connais-je de l'amour
Que ce qui ne se trouve,
Pourtant, mon je parle encore
De son je, de mon je,
Ne parle que du je,
N'ayant plus que le je
À qui parler encore.

Que faire si le je
Ne se prend plus au jeu,
Si la voix s'est tue
Si le tu s'est tu
Si le toi c'est moi
Et le moi en croix.

Pourrait-on en faire autant
Pour ce je qui ne l'est plus
Le jeter au vent
Attendre qu'il ait plu.
Adieu, mon dieu, adieu ô temps.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Saturday, 22 November 2008

La vie est une mort


La vie est une mort
De chaque instant,

Elle est une mort
De la non-vie en naissant,
Et une mort
De la vie en vivant

Qui se meurt à mesure qu'elle se vit,
En une glorieuse apothéose de la mort.

Chaque pensée est la mort de la pensée,
Et la pensée de la mort,

Chaque geste est la mort de chaque geste
Et le geste de la mort.

La vie du regard est sa mort,
Et le regard, la mort du regard,

Chaque rencontre est la mort de la rencontre,
Et la rencontre de la mort.

La naissance de l'amour en est sa mort,
Et l'amour de la mort,
La mort de l'amour en est la naissance,
La naissance en est sa mort.

Vie et mort marchent côte à côte,
Main dans la main,
Bras dessus, bras dessous,

Ils parcourent ensemble les temps,
Les déserts et les côtes,
À la recherche de l'instant
Où se joignent leurs noces.

Ils avancent vers la vie de la mort,
Quand je recule vers l'enfance de ma mort.

Ah, si je pouvais me débarrasser de la mort,
En la tuant d'un coup de dents,
Vivre éternellement la mort de ma mort,
Sans cesse renouvelée, épanouie, éblouissante.

Ah, enfance de ma mort,
Sur la plage, le sable blond, 
Les reflets argentés du soleil sur l'eau, 
Doux clapotis de la vague sur la berge,
L'écoulement de milliers de grains de sable
Qui, très tôt, m'ont donné le goût de l'inépuisable
Des espaces hermétiques où la vie
Existe en profusion en dessous du vide,
La plage au clair de lune, les bains de minuit.

Je ne suis plus de ce monde,
L'horloge de ma vie s'est arrêtée 
Au moment de n'être 
Plus qu’à la vie de ma non-vie.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Conneries

Quequette
Caquette
En tete-a-tete
Avec Pierrette.

Paulette
Seulette
Projette
Baguette.

Frappette
Braguette
Trop peste
D'un geste
Trop leste.

Adieu
odieux
vaut mieux
Que rester soucieux.

©2008 Marwan Elkhoury

Le fou de la nuit (Majnoun et Layla)


J'ai rencontré la nuit
Un jour de pleine lune
Aveuglé par sa vue,
J'en ai perdu la vue.

Elle était belle
Comme le jour,
Ses lèvres rouges
Comme les pommes.

J'ai brûlé pour elle
D'un violent amour,
Qui m'acheva en somme.

J'étais fou d'elle,
Fou qu'elle me rendit à moi,
Comme elle ne voulait pas de moi,
Et moi qui ne voulait plus qu'elle.

Ô ma nuit, en toi je voudrais m'ensevelir,
Oublier que je t'aime, oublier, m'évanouir,
Pourquoi veux-tu me fuir,
Quand je ne veux que t'aimer.

L'amour est-il si dangereux
Que même le bonheur est malheureux,
Qu'une mort dans une tombe sans bruit,
Vaut mieux qu'une vie dans le silence de la nuit.

Je me suis plongé alors dans la nuit
Pour oublier qu'elle me fuit,
Mais partout là où je vais,
Je retrouve son visage 
Qui me lacère de plaies
Et me comble de présages.

Ô ma nuit, enveloppe-moi dans ton obscurité,
Que je ne voie plus que ta lumière dans l'éternité,
Brûle-moi dans l'enfer de tes yeux,
Et qu'auprès de toi j'en oublie même tes dieux.

Je t'ai donnée mon âme,
Je n'ai reçu que blâme,
Je t'ai laissée mes pleurs,
Je n'ai reçu que heurts.

Ô rage, ô désespoir,
Quel est ce sifflement dans le noir,
Ces serpents qui s'enlacent autour,
Autour de ce corps fou d'amour.

Y a-t-il guérison possible
À un amour sans cible,
Que morsure de scorpions,
En plus de cet abandon.

Ô amant esseulé,
Ô manant essoufflé,
Tu n'as nuit où te cacher,
La nuit t'a déjà fauchée.

Heureux que l'ange de la mort
Tende son cœur au corps
Meurtri par l'amour,
Naissant à la mort.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin dounia

Sunday, 16 November 2008

Gouffre glacial

Sur les glaces du Groenland
Se trouve le pays du Neverland
Que je parcours en silence
Des premières aux dernières instances.

L'amour qui tombe dans le gouffre d'amour
Se fracasse comme un verre de cristal
Sur les falaises de marbre glaciales.

Je ne supporte ni le murmure des cours,
Dans les rues vides des après-midis glacés,
Ni le silence des amants lassés,
Dans les nuits vides de l'amour.

Une âme affranchie de l'aimer
Est délivrée des convulsions de souffrances ou de joies,
Même si ces mots bâclés et ces pleurs inachevés,
Sont pourtant les signes du désespoir étouffé.

Dans l’instant je rêve l'infinité
Et ce rêve grandit au-delà de ma triste finitude
Comme est l'étendue de toute ma lassitude.

Comme pour reprendre Goethe, meurs et deviens.
Le monde est fait pour aboutir au rêve,
C'est dans la perte absolue de nous-mêmes
Et dans le rêve que nous sommes enfin nous-mêmes,
Meurs et deviens.

©2008 Marwan Elkhoury

Tuesday, 11 November 2008

J'aimerais pouvoir te dire je t'aime

J'aimerais pouvoir te dire je t'aime
Mais tu ne me le permets pas
Car tu ne m'aimes pas.

Je croyais avoir à jamais
Perdu la faculté de t'aimer
Mais tu me l'as redonnée
Sans pour autant me donner
Le droit de t'aimer.

Je te le dis quand même
Même si tu ne m'aimes pas
Pour te rappeler que, ma foi, je t'aime.

Je me fous si tu m'aimes ou pas
Ce que j'aime c'est que je t'aime
J'ignorais que je pouvais encore aimer
Par ces temps d'indifférence obligée.

"J’ai perdu l’espoir de t’aimer
Et gagné le désespoir de t’aimer."

Ah que la vie est belle,
Et que l’amour est frêle.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 9 November 2008

Romance sans paroles III


Ô toi, diable ou dieu, qui m'impose ces tortures.
Pourquoi t'ai-je fait mon ami si ce n'est pour me libérer
Des tortures de l'amour et m'offrir les plaisirs des cabarets.

J'ai quitté les femmes et leurs belles parures
Pour épouser le cloître et ses illuminés,
Prier à ma libération des paradis dorés.

Je retrouve les beautés de la nature à l'état pur,
Simples, violentes, effrénées et parfumées,
Qui m'enivrent de leurs poisons frelatés.

Adieu vierges, saintes, succubes et autres impures,
Non, je ne regrette rien, seul, dans mon île, isolé,
Où, enfin, je peux crier tout haut ma douleur inépuisée.

©2008 Marwan Elkhoury
©2008 Dessin Dounia

Romance sans paroles II

Je vis la nuit mes affres du jour
De vivre sans amour
D'aimer sans retour.

Pourquoi suis-je si bête
Pour aimer une telle quête
Alors que ma vie pourrait être une fête
Si décidément j'avais plus de tête.

Je mourrais si elle était près de moi.
Le sachant elle reste loin de moi.
Et je passe le plus clair de mes jours
À pleurer mon inconsolable amour.

Je suis sa nuit, elle est mon jour
Les affres de l'amour
De vivre sans amour.

©2008 Marwan Elkhoury

Romance sans paroles I


C'est d'elle que je parle
Et non à elle que je parle.
Je trace, de mon sang, son image,
Et je pleure, bon sang, sous l'orage.

À ma belle, je l'appelle
Et à ma plainte sans appel
Ne répondent que les coups
De mon coeur à bout.

Je plains les amoureux
Qui sont aimés si peu,
Ne récoltent que misères
Se trouvent toujours à terre.

©2008 Marwan Elkhoury

Saturday, 8 November 2008

J'ai promis à dieu

J'ai promis à dieu
Que le jour où tout irait mieux,
J'arrêterai d'écrire.
Rassurez-vous, cela n'arrivera jamais.
Tout au contraire, cela va sans dire.

Je ne pourrais qu'écrire pis,
Les choses n'allant jamais en s'améliorant,
Mais toujours en se dégradant,
Premier principe d'entropie.

J'aurais voulu être ton amant,
Et toi, mon aimant.
Je t'aime, toi. Toi, toi non plus.

Tu as beau me haïr ou me fuir,
Je ne t'aimerai que plus.
La distance entre toi et moi s'amenuise
À mesure que tu t'éloignes,
Pour qu'à l'infini, elle soit enfin nulle
Et que plus rien ne nous sépare encore,
Dans la vie comme dans la mort.

Ton regard sur moi ne se pose,
Mais sur toute autre chose que moi se dose.

Pitié, lui dis-je, un baiser,
Un seul, pour y soigner mes plaies
Trop tard, mon cher,
Tu m'es toujours aussi cher,
Mais je suis déjà trop loin allée.

Tu étais plus loin de moi quand tu m'étais proche.
Moi aussi je prends à présent mes distances pour être proche.
On prétend que le feu de l'amour y gagne dans l'errance
Et qu'en prenant le large, on y gagne en souvenance.
Je me suis alors éloigné pour te retrouver,
Et dans cet éloignement, nos âmes se sont enfin prouvées.

J'ai perdu l'espoir de t'aimer
Et gagné le désespoir de t'aimer.
Je t'aime toi, toi, toi non plus.

©2008 Marwan Elkhoury

Thursday, 6 November 2008

M Comme Aime Ou Le Mal d'Aimer

Love, what is love,
Is there any love
Around ! Not that I know of.
Let me cry, cry, cry.
Cry baby cry.

I'm crying, just crying, so simply crying.
Who cares ! baby cry.
You can dry all your soul alone,
But you’re just alone,
And nobody cares
Nobody gives a damn
No not at all.

Je t'écris mes cris, ne pouvant te les dire
Je me suis moqué de l'amour
Comme je me suis moqué de la vie et du rire,
Comme je me suis moqué de la mort.

Aujourd'hui, tous ces fantômes
Resurgissent à nouveau et me hantent,
L'amour se moque de moi,
Comme la mort et la vie aussi.

Ils n'ont pas apprécié mes humeurs
Ni apprécié mon humour ni mes hauteurs,
Encore moins mes sarcasmes poseurs.

Je me suis blessé à l'amour,
Un amour qui ne m'aime pas,
Qui m'en fait sentir toutes les affres,
Sans me les jamais faire connaître.

Tu es moche et c'est bien fait
Pour toi, me dirait-elle,
Et elle a évidemment bien raison.

Je mérite tout ce que j'ai, haine et indifférence
Et tout ce que je n'ai pas, amour et tendresse.
Tout n'est plus que ruines et désastres, je le pense,
Comme tout l'a toujours été avant même que je ne le presse.

Je ne vais rien faire pour que tu viennes.
En m'oubliant un peu, je t'oublierai beaucoup,
Et j'aurai alors moins le mal de toi.

Ma vie est un chemin de croix
Que je parcoure tous les jours
Du soir jusqu'aux premières lueurs du jour
Jusqu'à la mort et sans amour.

Le Christ est monté sur la croix,
En une seule fois.
En voulant prendre sur lui toutes les souffrances du monde,
Pourquoi a-t-il manqué de prendre les miennes.

Point, contrepoint, amour, contre-amour.
Point de contr'amour pour pallier au manque d'amour.
Le temps des pleurs est terminé,
Terminons la tâche si bien malmenée,
Par un amen si mal entonné.

©2008 Marwan Elkhoury

Sunday, 2 November 2008

De quoi devrais-je te parler

Je ne te parle que de ce qui n'est pas,
Car, de ce qui est, ne m'en parle pas.
Aimerais-tu que je te parle de ce qui est,
De la mort ou de la guerre, comme toujours,

Tu es morte avant de me donner l'amour,
Tu es morte avant de me donner la vie,
Tu es morte avant de me donner la mort,
Absences, maladies et souffrances de vies,

Qu'est-ce qui est de ce qui est,
Tandis que moi je te parle de ce qui n'est pas,
Comme de l'amour, de la joie ou de la foi,
De ces riches heures avec ceux qui ne sont plus,
Comme de ces rencontres impossibles avec ceux qui plus que sont

Je te parle de ces aurores sidérales,
Ces déserts de glaces délirantes,
Des journées bleues et des nuits en arc-en-ciel,
Des soleils noirs et des astres bleu ciels,
De ta chevelure blonde et de tes yeux bleu clairs,
De tes dents d'ivoire, de tes perles au cou et de ta bouche vermeille,
Je te parle de ces vagues qui caressent doucement tes pieds
De ma main, qui sème le sable sur ton sein tanné,
De l'écume du jour qui effleure tes doigts effilés.

Je te parle de ces réveils sur Pétra la riche
Courtisane des mers mortes,
Et de ces nuits éthérées
Sur les plages de Thalassodendro,
Je voudrais compter toutes les étoiles
Du ciel et de la mer
Et te les décrire, une à une,
Après les avoir visitées, l'une après l'autre,

Je voudrais te parler des tempêtes des mers du nord,
Et des volcans des mers du sud,
Des feux de l'amour qui revivent après des siècles de froid,
Et des saisissements de plaisir à l'idée de toi,

Je voudrais te parler, te parler et te parler,
De tout mon souffle, omettant virgules,
Points-virgules et surtout les points,
Pour que tu ne me quittes jamais plus.
Mais je te parle de ce qui n'est pas,
Car si tu étais je ne t'en aurais pas parlé.

©2008 Marwan Elkhoury

Ne suis plus de mon temps

Par ces temps qui courent,
Je ne suis plus de mon temps,
Ce temps qui n'a plus son temps,
Ce temps qui n'est plus de son temps.

Quel est ce temps, ce temps de chien,
Qui n'a le temps, le temps de rien,
Qui, ni ne le prends, ni ne dis, tiens.

Ce temps n'a plus le temps du temps,
Non qu'il ait le temps pour toi ou pour moi,
Il n'a le temps de rien.
Comment donc, pourrais-je avoir, moi,
Aussi, le temps pour toi et pour moi.

Et si je n'ai plus le temps
Qu'avons-nous encore que l'on puisse partager
Ensemble, ce passage dans l'espace et le temps,
Toi et moi, ce bout de chemin sous un rayon de lune,
Ce bouquet de roses rouges sur une terrasse de café
Cette main nue que je désire dans ma main qui tremble
Qui a disparue dans le sillon d’une dune,
Ces lèvres gercées que je voulais tant embrasser
Qui se sont évanouies à la lumière d'un soleil passé.

Je t'ai aimée plus que je ne me suis aimé,
Mais la vie m'a arraché
À cet amour qui ne m'était pas destiné
Mais à un autre plutôt qu'à moi

Quand il n'y a plus rien à faire ici,
Il est alors peut-être temps de partir,
Partir pour oublier, partir pour partir,
Partir pour continuer, partir pour retrouver,
Partir pour reconnaître, partir pour re-aimer,
Partir pour repartir
Vers cette autre qui voudrait, 
Que sais-je, peut-être tant aimer.

Que reste-t-il encore de nous, de nos amours
Quand il n'y a plus le temps, ni l'argent, du reste,
Pour s'aimer et s'étreindre,
Tout juste encore le temps de s'éteindre.

©2008 Marwan Elkhoury